mardi 6 décembre 2016

Quintet (1979)

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Quintet (1979)

Le chasseur Essex arrive accompagnée de sa jeune compagne enceinte dans une ville-labyrinthe où vit sa famille qu'il n'a pas revu depuis des années. Les habitants passent leur temps à jouer au jeu incompréhensible du quintet pendant qu'autour d'eux manigance un démiurge qui en modifie les règles selon les circonstances... Partout la mort rode et le but du jeu semble être de rester en vie..
Un mot rapide sur ce film très peu connu alors qu'il a tout pour plaire sur le papier. Imaginez un peu, un scénario post-apocalyptique à l'atmosphère glaciale, une réalisation signée Robert Altman, un casting 4 étoiles avec autour de Paul Newman les stars européennes Brigitte Fossey (!), Vittorio Gassman, Bibi Andersson, Fernando Rey.
Et pourtant le résultat est un film à l’encéphalogramme plat, à l'exact opposé de son contemporain L'empire contre-attaque, dans lequel Newman semble totalement perdu, Fossey n'a pas le temps d'exister et Vittorio Gassman est un personnage illuminé et grotesque, la faute à un scénario abscons et limité et à des dialogues ridicules. Le tout filmé comme un rêve désespéré (dans cette cité, le mot "ami" a été remplacé par le mot "alliance"!) et brumeux (le bord de l'image est constamment flou, on croirait voir un énorme flashback de 2h). Pourtant l'arrivée depuis l'immensité enneigée, laissait espérer à tort une sorte de Mad Max polaire. Mais c'est une fable morbide, prétentieuse et cynique n'inspirant qu'ennui et déception à laquelle on aura droit.



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Il est de retour / Er is wieder da (David Wnendt, 2015)

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Sous des allures de comédie (à ce titre il y a des passages très drôles), cette satire qui fait froid dans le dos impressionne par sa très grande liberté de ton. A ce titre, les allemands donnent une leçon de comédie grinçante.
Le film qui commence un peu comme Les visiteurs, se poursuit comme un dialogue entre le vrai Hitler et le peuple allemand.


"Je serai toujours en toi" dit Hitler et il a probablement raison. Dans sa dernière partie, la mise en abyme est glaçante, on voit le film dans le film être réalisé, Hitler faire le tour des plateaux de télé et hypnotiser le public, les réseaux sociaux s'activer ("le pire c'est qu'il a raison"). De fait, le propos réussit à aller au-delà du cas particulier allemand, ce que ne manque pas d'illustrer le générique de fin avec des images de différents leaders d'extrême droite actuels dont Marine Le Pen. D'ailleurs, en dépit de sa situation économique enviable, les problèmes allemands semblent très proches de ce qui se passe en France. Et encore, le film a été réalisé en 2014, avant la crise migratoire, avant la Saint-Sylvestre 2015.

"Dérangeant" c'est le mot parce qu'on a pas forcement envie de se marrer en voyant l'affiche (heureusement qu'il y a le petit chien pour dire que c'est une comédie qui commence comme une version allemande des Visiteurs et qui se poursuit un peu à la façon de Borat, dressant au passage un portrait peu flatteur de l'Allemagne et souvent glaçant).

A noter un joli clin d’œil à notre fufu national :

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The Dark Valley (Andreas Prochaska, 2014)

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The Dark Valley (Andreas Prochaska, 2014)

Avec : Sam Riley, Paula Beer, Tobias Moretti

Fin du XIXe siècle. Un cavalier solitaire arrive dans un petit village de montagne perdu au fond d'une vallée des Alpes autrichiennes. Le genre d'endroit où l'étranger n'est pas le bienvenu, surtout quand il s'agit d'un jeune Américain nommé Greider qui souhaite y passer l'hiver pour, prétend-il, immortaliser les habitants avec son drôle d'appareil, ce « miroir doté d'une mémoire ». Petit à petit, on découvre que le photographe a d'autres intentions, moins humanistes, et qu'il est lui aussi doté d'une mémoire...

Présenté à l’avant-première du Festival international du film de Berlin 2014, The Dark Valley (titre original, Das Finstere Tal) est un western austro-allemand qui je crois n'est jamais sorti dans les salles françaises comme cela devient la norme desormais (surtout lorsque comme ici il n'y a même pas de star pour vendre le film). Ce n'est pas un western au sens strict du mot puisque l'action se déroule entièrement dans les Alpes, bien loin de l'Ouest américain. Et pourtant, sur le fond, le scénario est du archi-vu et revu, notamment chez Clint Eastwood (Pale rider, etc) ou Leone (Il était une fois dans l'Ouest) : une vengeance, une communauté isolée sous le joug d'une famille tout puissante. En revanche, la mise en scène est formidable, originale et les partis pris audacieux (musique rock, cadrages inspirés, réalisme des scènes d'action). Les décors sont extrêmement bien utilisés et participent d'une ambiance noire et opressante.
A noter une scène de bûcheronnage précédant les premiers actes de violence sèche qui m'a rappelé Le clan des irréductibles de Paul Newman.
Sorti il y a deux ans seulement, Paula Beer semble vraiment toute jeune dans ce film et bien loin de Frantz. Sam Riley sobre mais crédible une carabine à la main dans la séquence finale réaliste et crispante.

In a Valley of Violence (2016)



In a Valley of Violence (2016)


Voici peut-être venu une nouvelle ère du western. Ça pourrait s'appeler le western post-Tarantino, faisant la synthèse du western classique, du cool référencé et d'une mise en scène audacieuse.
On trouve tout cela dès le superbe générique d'introduction, très graphique, rythmé par une excellente B.O. façon western spaghetti et Morricone. Il y a aussi cette violence distillée avec un ton décalé, à la manière des meilleurs Tarantino ou de Sam Raimi (The quick and the dead).

Lorsque Paul (Ethan Hawks) prend le risque de venir avec sa chienne Abbie s'approvisionner dans la ville fantôme de Danton sous la coupe du marshall John Travolta et de son fils fauteur de trouble Gilly, on sait que ça va mal tourner.. Et pourtant rien ne se passera tout à fait comme prévu à l'heure de la vengeance.

Cela faisait longtemps qu'un western ne m'avait pas autant surpris dans son traitement. Il y a même des choses que je n'avais encore jamais vu dans le genre. A commencer par le personnage joué par Ethan Hawk qui derrière son physique fragile apparait comme un vrai dur sans pitié pouvant rivaliser avec le Eastwood d'Impitoyable. C'est vraiment la très bonne nouvelle de l'année que cette nouvelle incursion de l'acteur dans le western, lui qui était la seule réussite de l'insupportable 7 mercenaires 2016. On pourrait même s'avancer et dire qu'il y a un peu de James Stewart dans cet Ethan là. Sa confrontation avec John Travolta (un peu Vincent Vega vieillissant, mais pas mal du tout, s'étant fait un look et un accent de l'ouest pour l'occasion) ne se passera pas non plus comme on pouvait l'attendre. Au casting féminin, Karen Gillan et Taissa Farmiga dont la jeunesse brouille également les cartes. Ah, j'oubliais, le chien est excellent aussi!

Si la photographie est plutôt quelconque, la mise en scène elle est constamment inventive et surprenante, distillant ainsi une tension permanente jusqu'au bout.

Bref, je recommande chaudement.
Le western est bel et bien de retour !