dimanche 22 novembre 2020

Notre Dame (2019)

 Notre Dame (2019)

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Maud Crayon, architecte quadra qui élève seule ses deux enfants, remporte, à la suite d'un quiproquo, un concours pour réaménager le parvis de Notre-Dame. C'est le début d'une folle aventure, et des ennuis…

Au début on s’amuse beaucoup à voir Valérie Donzelli un peu fofolle se débattre entre un ex-mari collant, un amour de jeunesse de retour dans sa vie, un patron sans scrupule (Samir Ghesmi) et son projet artistique pour le parvis de Notre-Dame attaqué par la presse, ses concurrents et des riverains parisiens réactionnaires (« c’est de la pornographie aux portes de Notre Dame »). La référence aux colonnes de Buren ou à la Tour Eiffel est explicite. Maud n’est défendue malheureusement dans les médias que par une féministe débile à la Alice Coffin. Il y a beaucoup de bonnes idées dans le film qui brasse un certain nombre d’incongruités et turpitudes de notre vie contemporaine. Mais à la longue on finit par décrocher face à l’abus de fantaisie et d’inventivité qui vire pr moments au n’importe quoi. On est alors plus proche du théâtre conceptuel que du film de cinéma. Si on est bien disposé, on peut se laisser emporter par le burlesque (géniale Claude Perron, amusante Isabelle Candelier en Anne Hidalgo, tendres Bouli Lanners et Virginie Ledoyen, fidèle à lui-même Philippe Katerine..) et une certaine poésie trépidante (qui rappelle à la fois le Truffaut de Baisers volés où le Mouret des premiers films). Sinon, le film pourra rapidement s’avérer un chemin de croix au spectateur hermétique à la fantaisie de la réalisatrice-actrice. Un film qui célèbre aussi une cathédrale qui vit ses dernières heures et évoque même une épidémie (« lavez vous les mains ») un an à l’avance.

La vie devant soi (2020)

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La vita davanti a sé d’Edoardo Ponti 

La vie devant soi (2020) marque le dernier retour de la grande Sophia Loren pour cette seconde adaptation du roman de Romain Gary/Ajar. Après Martin Éden l’année dernière, les italiens adaptent brillamment dans l’Italie contemporaine un best-seller étranger, à travers travers le personnage de momo, mineur isolé émigré africain, avec Madame Rosa, vieille femme juive italienne rescapée des camps de la mort.
La réalisation de Ponti (son propre fils donc) est sobre mais très soignée grâce à une très belle photographie, excepté une faute de goût, la création d’une lionne (imaginaire) par informatique qui n’était vraiment pas nécessaire et qui fait un peu sortir du film pour qui est regardant.

Les Misérables de Victor Hugo sont omniprésents par les temps qui courent. Ici, on appréciera le clin d’œil aux chandeliers avant que le roman n’apparaisse lui-même par la suite.
On appréciera également la grande sobriété du film notamment lorsque Auschwitz est évoqué (le gamin se demande pourquoi Madame Rosa est tatouée au bras, un autre gamin lui explique alors que c’est le code de sa batcave.. fossé des générations..). Madame Rosa ne cherchera même pas à lui expliquer ce qu’était Auschwitz (« Tu ne sais pas ce que c’est et c’est mieux comme ça »).

Pour le reste, l’essentiel est évidemment dans la relation entre le gamin et la vieille dame. Sophia est excellente et ne s’épargne rien. Ni de jouer immobile sous la pluie, ni de paraître très peu à son avantage, cheveux défaits, pas maquillée mais tout de même digne et élégante avec peu de choses. Si c’est un adieu définitif, c’est une sortie par la grande porte. Tout juste pourra t’on trouver l’affection des deux personnages un brin trop angélique ou rapide. Tout dépendra du spectateur..