L’Empereur de Paris (Jean-François Richet - 2018)
Ce nouveau Vidocq (après Bernard Noël, Claude Brasseur et Gérard Depardieu en 2001) est globalement une déception. Le contraire aurait été une surprise. Et pourtant, Vincent Cassel est très convaincant dans le rôle. A la fois dur et imposant physiquement, il sait se faire charmant dans les quelques (rares) moments où le scénario lui en donne l'occasion.
En outre, sa diction est bonne, ce qui est de moins en moins courant dans le cinéma français contemporain. Et c'est globalement le cas de presque toute la distribution de cet Empereur de Paris, à l'exception de Denis Menochet peut-être. Et s'il y avait enfin un vrai ingénieur du son en poste ?
Le point noir du film c'est son scénario inexistant. Il n'y a pratiquement pas d'intrigue hormis la question de savoir si Vidocq va obtenir ou non une lettre de grâce lui permettant d'échapper à son statut d'ex-bagnard. C'est vraiment mince et bien trop peu pour se passionner pour ces nouvelles aventures sans ampleur et sans enjeu.
Si la photographie est agréable, les cadrages ne sont pas non plus enthousiasmants, en particulier dans les scènes d'action. Le choix a visiblement été fait de filmer en plan serré et ce n'est pas convaincant et peu agréable à suivre. Trop de tueries également, d’autant plus qu'elles ne sont pas indispensables et sortent souvent de nulle part. A moins qu'il y ai également un problème de montage.
Points positifs : les décors (intérieurs et extérieurs), la photo correcte et un casting globalement réussi et exotique : intéressante Freya Mavor, August Diehl, Olga Kurylenko, Fabrice Luchini taquin (« Bientôt on donnera la légion d’honneur à tout le monde ») et donne l'occasion d'une rencontre d'anthologie avec Cassel. A noter un très bon Patrick Chesnais. Je suis moins convaincu par Denis Lavant. Denis Ménochet est bien lorsqu'il est silencieux avec la gueule de l'emploi.
Mais le casting féminin est sous-exploité. Le personnage joué par Olga Kurylenko en premier lieu. On ne sait pas trop la situer ni à quoi elle sert dans l'intrigue. Les scénaristes auraient pourtant pu en faire un personnage délicieusement ambigu et envoutant comme l'était la géniale Danièle Lebrun mais non ce n'est jamais exploité ainsi. Kurylenko fait pourtant l'affaire même si évidemment elle n'est pas une très grande actrice, elle a le charme suffisant.
J'avais peur d'un trop plein d'action et d'explosion ou de facilités historiques mais sur ce point, le film est une bonne surprise et ne cède pas trop à cette facilité moderne. Quelques noms de personnages historiques (Davout, Murat...) et de batailles (Eylau) sont évoqués pour faire plaisir aux amateurs mais pas trop pour que ça reste accessible. Et surtout, le contexte est limité mais au moins il est respecté (coucou Ridley Scott). Juste un bémol : dommage d'avoir montré l'Empereur l'espace de 2 secondes, ça n'apporte rien et c'est assez décevant (le gars ressemble plus à Rod Steiger qu'autre chose..).
En résumé, avec un vrai scénario on aurait pu avoir quelque-chose de bien. Il y a un vrai problème avec le cinéma de genre historique français, incapable en dehors du registre de la comédie (Le retour du héros) de proposer une histoire originale et prenante.
Le dernier plan est étonnant: serait-ce le palais des tuileries reconstitué ?