mercredi 29 janvier 2014

6 BRIDGES TO CROSS "LA POLICE ETAIT AU RENDEZ-VOUS" (1955, avec Tony Curtis)

6 BRIDGES TO CROSS "LA POLICE ETAIT AU RENDEZ-VOUS" (1955 Tony Curtis)


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In a world where Tony Curtis is not yet a legend..


Voici mon avis sur ce film noir tendance drame social (ou drame urbain comme vous préférez) très réussi et réalisé par Joseph Pevney (futur réalisateur de la série Star Trek, entre autres).

Dans LA POLICE ÉTAIT AU RENDEZ-VOUS, son drôle de titre français, on voit évoluer de l’adolescence à l’âge adulte, Jerry Florea, un gamin des rues entouré de sa bande de petits délinquants. Ces gamins peuvent faire penser à ceux que l’on suivra chez Leone 25 ans plus tard dans Il était une fois en Amérique, volant une bouteille de lait par-ci, tirant des fruits à l’étalage par là. Mêmes comportements, même solidarité fraternelle, même évolution du larcin vers le grand banditisme, à ceci près que le réalisateur ici ne s’attarde pas sur la misère et que le ton est bien plus léger. La raison principale en est la présence de Tony Curtis, qui livre ici l'une des meilleures prestations de sa carrière.

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Jerry Florea est dans un premier temps incarné par Sal Mineo (dont on se souvient surtout du rôle d’ado torturé et délaissé auprès de James Dean et Natalie Wood dans La fureur de vivre tourné la même année) puis par le gamin du Bronx Tony Curtis. La transition est d’ailleurs étrange étant donné le peu de différence d’âge des deux acteurs. Un acteur plus jeune pour interpréter Jerry Florea enfant, ou même quelques effets de mise en scène pour rajeunir Tony Curtis durant la première séquence aurait peut-être été préférable pour plus de crédibilité. D’autant plus que le vieillissement de Gallagher / George Nader au cours du film est particulièrement réussi.

Ce thème de l’amitié entre un truand et un homme de bien, on l’a déjà vu auparavant, notamment dans Angels with dirty faces "Les Anges aux figures sales" (Curtiz, 1938) ou Manhattan Melodrama "L'Ennemi public n°1" (W.S. Van Dyke, sorti en 1934), par exemple.

L’amitié nait ici d’un incident : alors que Jerry et sa bande sont en train de cambrioler une boutique, le policier Edward Gallagher (George Nader) intervient, provoquant la fuite des gamins. Gallagher, un peu trop zélé, tire vers les fuyards touchant Jerry Florea alors qu’il grimpait une palissade pour s’enfuir. Ce dernier ne sera que blessé mais ne pourra jamais avoir d’enfant. Rongé par le remord et se sentant responsable, Gallagher prend alors le gamin en affection et tentera dès lors de lui éviter les ennuis et de le protéger. De son côté, Jerry semble nullement vindicatif envers le policier et joue petit à petit le rôle d’indic. Mais cette amitié naissante sera constamment entachée par une défiance du flic Gallagher envers le voyou Florea, incorrigible et perpétuel récidiviste.

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Dès le départ, il semble acquis que de toutes façons, Florea ne sera jamais dans le droit chemin et ne sait que combiner, parce qu’il se croit plus malin et parce que la société ne l’a jamais accepté. Même quand, emprisonné, il demande à rejoindre l’armée pour combattre en Europe, sa demande lui est refusé car il n’est pas né en Amérique. Il est même menacé d’expulsion vers un pays ennemi (sans plus de précision) dont il est officiellement originaire et dont il ne parle même pas la langue.

La force du film tient dans l’interprétation nonchalante et goguenarde de Tony Curtis qui semble constamment en en porte-à-faux avec le sujet qui devrait, qui est dramatique. En effet il joue toutes ses scènes avec le sourire en coin et donne constamment l’impression de se moquer de ses interlocuteurs et en particulier bien sûr du flic Gallagher, constamment pris à contre-pied puisque dès qu’il prend une attitude cynique face aux perpétuels mensonges de Curtis/Florea, ce dernier trouve le moyen de le toucher. Comme cette scène ou Florea déclare au curé/pasteur venu au commissariat pour confirmer son alibi (Florea faisait un don à la paroisse pendant le hold-up dont il est accusé) que oui il a voulu se faire bien voir mais que c’était dans la perspective de son mariage avec une veuve mère de trois trois enfants. De fait, les deux hommes développent tout au long du film une relation symbiotique mais trouble. Un peu comme deux amants..

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En ce milieu des années 50, Tony Curtis est sur le point de changer de statut, passant de jeune premier à star de premier plan. Dans ce rôle de Florea, il y a peut-être bien déjà un peu de la nonchalance du futur Danny Wilde.

A signaler que l’excellente Julie Adams joue la femme de Gallagher, mais que son rôle est assez court et, tout juste a t-elle l’occasion d’intervenir lorsque Gallagher excédé ne veut plus défendre Jerry. Egalement au générique, Don Keefer (Woody et les robots, Butch Cassidy, ..), dans un sale rôle de procureur tentant de faire passer Gallagher pour un ripoux. Une scène qui annonce un peu Serpico ou même l'Inspecteur Harry.

A titre d'anecdote, Sammy Davis Jr perdit un oeil dans un accident de voiture en se rendant au studio d'enregistrement pour la B.O. du film, alors qu'il franchissait un passage à niveau de la Route 66 à hauteur de San Bernardino (Californie). Il échappe de justesse à la mort mais perd l'usage de son œil gauche (il portera un œil de verre jusqu'à sa mort).
Sa carrière faillit se briser ce 19 novembre 1954. Ce qui n'empêche pas sa chanson de générique d'être particulièrement réussie.



dimanche 19 janvier 2014

Les yeux de la nuit "Night Has a Thousand Eyes" (1948)

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Les yeux de la nuit "Night Has a Thousand Eyes" (1948)

Edward G.Robinson incarne John Triton, un mentalist (comme on dit désormais) qui exerce ses talents de voyant dans des spectacles de cabaret, avec ses partenaires Jenny et Whitney Courtland. Mais, un jour, il s'aperçoit que son cerveau est traversé par des visions de mort. En effet, plusieurs de ses prédictions se réalisent. Bientôt, il voit que Jenny, qu'il aime, doit mourir suite à son premier accouchement. Il décide alors de la quitter sans rien dire et de se retirer du monde, mais vingt ans plus tard, il revoit la fille de Jenny, orpheline de sa mère dès sa naissance...

Ce film est une sorte de croisement entre le film noir et le film fantastique trouble puisque jusqu'au bout tout est possible et le spectateur est pousser à entretenir le doute sur la véritable personnalité de John Triton.
Dément ou vrai voyant ? Escroc ou héros sacrifié, habité par le pressentiment de la fin, comme si un fatum inéluctable pesait sur lui.

Pas de doute on est totalement dans les thématiques du noir.. à moins qu'on ne soit un peu aussi dans la lignée des fantastiques français des années 40 (La main du diable, La beauté du diable, etc).

Même si j'ai un faible pour G. Robinson en chef mafieux plutôt qu'en loser pathétique (comme dans les deux Fritz Lang), l'acteur délivre ici une nouvelle fois ici une superbe prestation en incarnant cet homme déchiré par un don envahissant et des visions morbides, et qui tente désespérément d'empêcher l'inéluctable.

Le côté jouissif du film réside dans le fait que plus les protagonistes essayent d'empêcher les événements, plus ils semblent les provoquer involontairement. La scène où les policiers déplacent un pot de fleur pour ne pas que la vision de Robinson (un meurtre, une fleur écrasée et un vase brisé) se réalise, et qui de fait font tomber le vase avec les fleurs et écrasent l'une d'elles, est pour le moins savoureuse même si on le voit venir gros comme une maison.

On ne s'ennuie donc pas une seconde grâce à son casting (la douce Gail Russell et surtout Edward G. Robinson), une construction solide (commençant par un flashback) et un suspense (gentiment) angoissant à peu près maintenue jusqu'à la fin.


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samedi 18 janvier 2014

Hell on Frisco Bay (1955, Frank Tuttle)

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Hell on Frisco Bay de Frank Tuttle (1955)

L'argument :
Steve Rollins, policier, vient de purger deux ans de prison pour un meurtre qu'il n'a pas commis. Libéré sur parole, il se met illico en quête du véritable coupable avec une seule et unique idée en tête : le tuer. Rien ni personne ne parvient à entamer sa détermination. Très vite, Steve se retrouve sur la piste d'un truand notoire, Amato. Ce dernier rackette impitoyablement les pêcheurs de la baie de San Francisco et le fils de l'un d'eux finit par le dénoncer comme le responsable du fameux meurtre. Rien ne va plus dans le gang d'Amato lorsqu'il abat un des gangsters travaillant à sa botte...

Edward G. Robinson est une nouvelle fois très impressionnant dans ce film même si d'après ce que j'ai lu, l'acteur était quelque-peu lassé de ce genre de rôle. Face à lui, un Alan Ladd déjà quelque-peu bouffie par l'alcool, si je ne m'abuse, mais plutôt convaincant et brutal comme il faut pour ce rôle même quand s'agit d'assommer des malabars à coups de poings, et ce en dépit de son petit gabarit. Ce n'est certes pas James Cagney mais il assure tout de même Alan et prouve qu'il n'était pas qu'une belle gueule. Il met même une dérouillée à un tout jeune Rod Taylor dans une arrière salle. Et il n'est pas plus tendre avec les femmes par moments, qu'il s'agisse de Joanne Dru (sa femme) ou de Jayne Mansfield (même pas créditée au générique) qu'il remet à sa place. Mais dans le genre brutal, le roi c'est bien sur Edward G. Robinson qui va même jusqu'à cogner Joanne Dru qui l'avait traité de paysan, insulte suprême!

Ladd venait de fonder en 1954 sa compagnie de production, Jaguar, avec le réalisateur Frank Tuttle.
Les deux hommes ne firent d'ailleurs pas de vieux os puisqu'ils disparurent 8 ans après seulement.
En 1951, Tuttle et Edward Dmytryk ont été "contraints" de dénoncer Jules Dassin comme étant un collègue communiste. Tuttle a été profondément marqué par cet épisode tragique.

De fait, un certain malaise se dégage de ce film crépusculaire, à l'image du personnage d'Alan Ladd préférant dormir à l’hôtel et ne pouvant rentrer chez lui ni regarder sa femme qui n'a pas pu attendre, restée sans nouvelle pendant les trois ans de son incarcération.

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La mise en scène est très discrète. Trop même, le film manquant cruellement de rythme, la faute il me semble aux trop nombreux dialogues entre mafieux.. pour tout dire je me suis endormi et j'ai du m'y prendre à deux fois pour finir alors que le film ne dure qu'une heure et demi. Dommage parce que la confrontation Ladd-Robinson vaut le coup. Malheureusement les deux acteurs ont très peu de scènes en commun, hormis le final qui se termine sur un port (comme dans L'affaire de la 99ème rue) avec une ultime scène d'action, monumentale (pour l'époque), sur un hors-bord et qui semble tout droit sortie d'un James Bond (ou du troisième Indiana Jones).

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Savage (2012, Oliver Stone)


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Savage, opus Oliver Stone 2012 n'est pas sorti de nulle part et se situe dans la droite lignée des films « sale gosse » d’Oliver Stone, de Scarface (au scénario) à Tueurs nés.
Le scénario de Tueurs nés était signé Quentin Tarantino, mais 20 ans après on dirait bien qu’Oliver Stone a totalement assimilé (singé ?) l’écriture « Tarantino » tant son film respire la fausse coolitude (Butch Cassidy et le Kid version branchée et défoncée), les dialogues surréalistes et le gore gratuit (à ce titre, le début du film tendance Al-Qaïda est quelque-peu insupportable). Cette culture de la violence n'est bien entendu pas l'apanage de Tarantino puisqu'on retrouve ce thème très américain chez Scorsese et Stone. Bien qu'il s'en défende en invoquant les thèmes de la violence ou de la luxure comme des réalités "politiques", ce n'est globalement pas l’Oliver Stone politique qui s'exerce ici mais son double, celui des farces tendances grotesques, de l’hyper violence et du trafic de drogue. “Jules et Jim qui rencontre Scarface” a t-il déclaré en parlant de son film, mais il ne suffit n'y a point de Jim ici si j'ose dire.

Au casting, Blake Lively est sexy (et pourtant bien chaste) mais ne semble guère évoluer de film en film dans son jeu d’actrice décérébrée un brin cul-cul. Idem pour Taylor Kitsch (toujours en mode rebel without a cause et torturé depuis Friday Night Lights).

Le trio est complété par un Aaron Johnson méconnaissable et très loin de Kick-Ass en dealer écolo cool. Un acteur à suivre.

Et bien sûr le film présente son lot de personnages outranciers et caricaturaux : Salma Hayek (pas loin du ridicule), John Travolta (plutôt marrant lorsqu'il part dans les aigus façon Pulp Fiction) et Benicio Del Toro (abonné à ce type de rôle sadique depuis Permis de tuer).

Le film débute avec la voix off de Blake Lively, alias O., façon Sunset Boulevard : Suis-je morte ou vivante ?..
On aura droit à cette voix off jusqu'à la fin verbeuse et mièvre jusqu'à l'overdose, tel une fin d'épisode de sitcom (Grey's anatomy, Weeds, etc).

Le scénario (volontairement ?) invraisemblable ne porte pas préjudice au film tant le soucis de réalisme n’est clairement pas dans le cahier des charges d’un film essentiellement bâti sur l’argument du fun à tout prix et destiné en apparence à une audience rajeunie. On est loin de l’ambition politique revendiquée par le réalisateur par le passé et bien davantage dans la recherche du plaisir brut et le déjà-vu. A moins que ne se cache une critique d’Hollywood derrière ce scénario puéril et hyper violent. Mais le procédé s’avère dans ce cas facile et déjà vu, utiliser les défaillances hollywoodiennes pour s’en moquer en filigrane. Cf. débats autour de Tueurs nés, il y a de cela ..20 ans.

Cependant Stone assure toujours dans ce qu’il maitrise le mieux, la mise en scène : rythme et virtuosité, art du montage, esthétique et photographie sont soignés. De fait, le film a un cachet particulier le situant d’emblée au-dessus du niveau de la production courante.

Mais le (double) dénouement tarabiscoté, verbeux et ridicule laisse malheureusement une très mauvaise impression finale alors que le film s'était laissé regarder comme un divertissement à peu près correct pendant une bonne heure et demi.

mardi 14 janvier 2014

Bodyguard (1948, de Richard Fleischer)

Bodyguard (1948, de Richard Fleischer)

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Le film commence de la même façon que le Bodyguard de 1993 (vrai faux remake): un flic démissionne et se voit proposer de travailler comme garde du corps pour une riche propriétaire menacée de mort mais refuse dans un premier temps avant d’accepter à contrecœur… (la comparaison s’arrête là, le remake de 1993, très malin, y ajoutant une histoire d’amour en transformant la riche vieille propriétaire en jolie chanteuse pop rock). Robert Altman (Robert B. Altman) a fait ses débuts de scénariste pour ce film.

C’est le deuxième film de Richard Fleischer, étonnant cinéaste qui débuta comme scénariste pour le département actualité de la RKO, réalisa son premier long en 1946 (Child of divorce) et termina sa carrière dans les années 80 en réalisant pour de Laurentiis des films d’heroic fantasy bas de gamme avec Arnold Schwarzennegger (Conan le destructeur et Kalidor) et même un film d’horreur en 3D (Amityville 3D).

Entretemps, il aura réalisé de très grands films noirs (L’etrangleur de Boston et Les inconnus dans la ville) et de très gros succès populaires tel-que Les vikings (1958), 20000 lieux sous les mers, Tora! Tora! Tora! ou Le voyage fantastique (1966).

Le bodyguard est incarné par Lawrence Tierney, acteur modérément charismatique, au regard dur et au jeu minimaliste, surtout connu pour ses rôles de gangsters brutaux (Dillinger première version) ou psychopathes (Born to kill). Tierney finit d’ailleurs sa carrière en 1991 dans Reservoir Dogs. Rien d’étonnant à cela connaissant Tarantino, son goût pour le recyclage et la série B.

Tierney se voit très vite mêlé à un meurtre et contraint de prouver son innocence, aidé en cela par la très belle Priscilla Lane (vue chez Hitchcock et Capra) dont la présence toujours charmante adoucie quelque peu le récit en compensant le côté abrupt de la réalisation et la dureté naturelle de Tierney. Soit le mélange détonnant du tough guy et de la girl next door (ou presque!). Priscilla Lane arrêta sa carrière juste après ce film, malheureusement pour nous.

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Fleischer était sans doute un remarquable technicien (comme il en fera la démonstration avec L’étrangleur de Boston et son étonnant split screen, procédé pas nouveau mais amélioré et stylisé, et dont on retrouve l’inspiration encore chez De Palma en 2013).

Il en donne la preuve dès ce deuxième long-métrage avec quelques effets de mise en scène (le train fonçant sur la voiture dans lequel le héros se réveille juste à temps) et trouvailles diverses (cet œil en gros plan, le disque enregistré qui « répond » à son auditeur).

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samedi 4 janvier 2014

Le Loup de Wall Street (Martin Scorsese - 2013)

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La première partie du film est assez insupportable et digne des excès de 99F ou de ce que j'aimais le moins déjà dans Casino film auquel on pense beaucoup de par son récit et sa narration (voix off, etc). Seule la sublime Margot Robbie (déjà très convaincante dans la série Pan Am) permet de ne pas fondre complètement dans l'ennui, supporter tout ce bruit et cette fureur, et ne pas s'agacer devant un Di Caprio hurlant ou sniffant tout au long du film.

A contrario, Matthew McConaughey est plus calme que d'habitude et incarne pour l'occasion un Gekko de pacotille totalement barré dans la seule bonne et courte séquence de cette première 1h30 du film. Son propos est d'ailleurs clair: les clients sont des moutons à tondre comme tous les autres et la banque de financement ne cherche pas du tout à leur faire gagner de l'argent. La seule chose qui intéresse la banque, c'est de faire gagner de l'argent à la banque (propos repris dans l'excellent Margin Call il y a deux ans). Au casting, on notera également la présence du toujours excellent Kyle Chandler (Friday Night lights, Demain à la une) dans un rôle peu étoffé d'agent du FBI.

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La seconde partie du film est bien plus intéressante et plutôt drôle avec sa bouffonnerie assumée (la séquence très drôle des quaaludes Lemmon 714 périmés, la séquence suisse avec Jean Dujardin). Mais ces passages réjouissants ne masquent pas le fait que Scorsese met 3h pour nous raconter en 2013 ce qu'Oliver Stone contait déjà en 1987 en 2h de temps, et encore le film de Stone avait bien plus de richesse et de subtilité. Le film aurait en effet gagné a être réduit tant certaines séquences sont inutiles ou redondantes.

Car oui, Marty a une sacré pêche et montre une nouvelle fois toute sa maestria de réalisateur. Mais Scorsese se répète un peu trop (Casino, Raging Bull, Les affranchis et même Aviator ne sont pas très loin) et le scénario est presque aux abonnés absents comme si le réalisateur bâclait volontairement son récit car déjà vu tant de fois.
D'ailleurs le propos du film n'est finalement pas de raconter Wall Street (il est très vite acquis que Di Caprio a la recette miracle pour accumuler les millions sans rien faire), pour cela, on préférera de loin Wall Street et Margin Call (les deux meilleurs films sur le sujet selon moi) mais plutôt de nous montrer l'arrogance dans toute sa splendeur, celle de personnages (il pourrait s'agir de politiciens ou de mafieux) se croyant totalement au dessus des autres, au-dessus des lois, au-dessus des nations, au-dessus de toute morale, dans un no man's land total. Des Tony Montana de la finance qui retombent toujours sur leurs pieds. Vide et arrogance de notre société, vide et frénésie d'un film bien dans son temps malgré tout.

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jeudi 2 janvier 2014

La fille du 14 juillet (2013, de Antonin Peretjatko)

Gros délire débridé, cette comédie originale, TRES originale au regard de la production courante, a pourtant des influences qui sont pour l’essentiel bien franchouillardes :  Michel Hazanavicius (Le grand détournement), Emmanuel Mouret, Max Pecas et Claude Zidi (Les bidasses, etc), Lelouch (L’aventure c’est l’aventure), Tatie (Jour de fête), Darry Cowl (Le triporteur). On peut même également y voir celle des Monty Pytons ou encore de Mr Bean.


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Ajoutez à ces influences loufoques et farfelues une couche bobo-gauchiste revendiquée (allusions au front populaire ou à 1789 avec les gags Monty Pytonesques autour de la guillotine « ça n’a pas eu que du bon 1793 », Guy Debord) et vous obtenez donc un ovni absolu,  totalement loufoque et burlesque. Mieux que ça, un grand coup de pied salutaire dans la belle endormie de 2013, à savoir la comédie made in France.

Un exemple de dialogue :

-          Comment tu t’appeles ?
-          T’as qu’à m’appeler Truc.
-          C’est pas un prénom de fille.
-          Ben, truquette.
 
Néanmoins, au bout de ¾ heure frénétiques, une lassitude peut commencer à se faire sentir. C’est une question de goût pour le genre, je précise. Car personnellement même The party me lasse au bout d’un certain temps. Ne me jettez pas la pierre Pierre.
Aussi je me demande si ce film n’aurait pas du rester un fantastique moyen-métrage comme on en voit encore dans certains cinémas, ou la première partie d’un double programme.

Un mot sur le casting : 

Vincent Macaigne est donc l’une des révélations comico-tragique de l’année (bien que je ne vois pas vraiment de parallèle avec Depardieu que certains font) mais il m’a bien davantage séduit dans Un homme sans femme dans lequel il était particulièrement touchant.
Vimala Pons est l’autre atout du film. A ces admirateurs et à ceux qui ne l’aurait pas vu, je recommande La sainte victoire (dans lequel elle jouait aux côté de Clovis Cornillac et de Christian Clavier) dans un registre très différent mais de façon tout aussi convaincante voir davantage.

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mercredi 1 janvier 2014

Star Trek Into Darkness (2013)

Zero Dark Star Trek où l’ombre du 9/11 (encore)

Call of Star Trek

Deuxième opus du reboot de la mythique saga Star Trek.

Jamais Star Trek n’aura eu autant des allures de son lointain cousin Star Wars, peut-être encore davantage par l’oreille (fermez les yeux pendant les batailles spatiales ou les scène de combat, et vous êtes comme chez Lucas) que par les yeux (entrées de vaisseaux, perspectives).

A ce titre, pas la peine d’attendre 2015 pour deviner à quoi va ressembler le futur Star Wars VII.

Car oui visuellement Into Darkness est plutôt réussi et une fois n’est pas coutume dans les grosses productions du genre, les scènes d’action sont plutôt lisibles et le montage globalement réussi (enfin il me semble). On évite même, avis personnel (j’suis trop vieux pour ces conneries qui disait), le côté tout much de certaines productions SF récentes avec leur overdose d’extraterrestres en tous genres (des derniers Star Wars à  John Carter).

En revanche, là où le bât blesse, c’est au niveau de l’interprétation et du scénario pour lequel on a du mal à se passionner (on nous refait le coup du grand méchant terroriste à capturer). L’un allant souvent de pair avec l’autre difficile de dire s’il manque du charisme aux acteurs ou si c’est la faiblesse du matériau qu’ils ont à traiter  qui est en cause. Sans doute un peu des deux. Chris Pine n’est que l’ombre de William Chatner et même Cumberbacht me semble totalement dans la caricature du grand méchant diabolique. Cumberbacht est un acteur que je connais par une série mais pas celle que l’on croit (le pilote de Sherlock ne m’ayant pas passionné, en revanche j’avais beaucoup apprécié Parade’s end. Sinon les responsables du casting nous refont une Denise Richards avec le personnage de la fille de Markus soit disant spécialiste en armement.

 
Que dire de plus si ce n’est que ça court beaucoup dans tous les sens mais souvent pour pas grand-chose et que comme pour chaque remake moderne (cf. Mission impossible), on ne retrouve réellement l’esprit de la série initiale que dans les premières et les dernières minutes. A ce titre, l’humour est pratiquement totalement absent et le personnage de Spock notamment me semble bien éloigné de l’image stoïque et sarcastique que j’en avais. On le voit ici se battre à coups de poings sur une aile de vaisseau contre le vilain, ce qui me semble aller à l’encontre de l’image du personnage (je ne suis pas trekiste, aussi je peux me tromper). Admettons que c’est parce qu’il est jeune.

Comme il se doit donc dans tout mauvais reboot moderne (coucou Man of steel), la dernière minute est donc la seule du film pendant laquelle on a vraiment l’impression d’être dans l’univers de la saga et non dans un film de SF/action lambda.
L'ENTREPRISE s’apprête à partir explorer des mondes nouveaux.... Enfin.