vendredi 2 octobre 2015

Warren Beatty et Annette Bening dans : Love affair (1994)

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Love affair (1994)


Réalisation : Glenn Gordon Caron
Avec : Annette Bening et Warren Beatty


Il s'agit de la troisième version de cette histoire après l'original Elle et lui "Love Affair" en 1939, avec Irene Dunne et Charles Boyer, le premier remake Elle et lui "An Affair to Remember" en 1957, avec Deborah Kerr et Cary Grant.
Versions auxquelles il faut rajouter également le vrai/faux remake Nuits blanches à Seattle "Sleepless in Seattle" en 1993, avec Tom Hanks et Meg Ryan (qui jouait une obsédée du film de 1957, finissant par reproduire la fameuse scène du rendez-vous du 8 Mai en haut de l'Empire State Building.
Cette version de 1994 a un titre français, Rendez-vous avec le destin, je ne sais pas pourquoi car de mémoire, le film n'a jamais eu le droit à une sortie dans les salles françaises et encore moins en VHS, dvd, vod, télé..

Passons tout de suite sur le point faible de cet ultime remake : la réalisation de Glenn Gordon Caron. Sans imagination, sans ambition esthétique, d'une grande platitude et avec des moyens visiblement limités, surtout en comparaison avec la luxueuse version technicolor de 1957 (il y a par exemple souvent pas ou peu de figurants à l'écran autour des deux acteurs). Tout cela donne à cette version des allures de téléfilm. C'est vraiment dommage car le couple Bening/Beatty fait des merveilles au point de se hisser largement au niveau de ses illustres prédécesseurs (voire au delà, pour part et pourtant j'avais un gros faible pour Irène Dunne face à Charles Boyer), exploit qui semblait déjà impossible au moment du premier remake.

Beatty est l'acteur idéal dans ce rôle qui semble avoir été créé pour lui. Son personnage est le playboy et ex-quarterback Mike Gambril, pratiquement le même personnage que son Joe Pendleton dans Heaven Can Wait / Le ciel peut attendre (réalisé et joué par la star en 1978). Alors qu'il est sur le point de se marier avec une millionnaire et star de la télé (Kate Capshaw), il tombe amoureux au premier regard de Terry McKay (Bening), designer d'intérieur et musicienne, au cours du trajet en avion pour rejoindre sa fiancée.
"You know, I've never been faithful to anyone in my whole life." lui dit-il au cours du film. C'est une ligne de dialogue du film qui semble être tirée de leur vie privée et avoir été prononcée pour de vrai à l'issue de leur rencontre sur le tournage de Bugsy durant lequel ils sont tombés amoureux.
Anette Bening est à tomber, moins romantique que Deborah Kerr, plus indépendante et plus forte très certainement, bref plus moderne, et pourtant extrêmement attendrissante.

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Le reste du casting est au diapason : la tante, rôle crucial dans l'affaire puisque c'est de sa rencontre avec Terry McKay que naît la liaison amoureuse (la jeune femme ayant alors l'opportunité de voir en son prétendant autre chose qu'un séducteur beau parleur), est incarnée par une Katharine Hepburn tremblotante. Elle est parfaite pour ce rôle à ce moment de sa vie (à plus de 80 ans, 87 en fait, elle n'a jamais jusqu'alors semblé aussi petite et fragile) et son excentricité naturelle ("If I knew I was going to live to 86 I wouldn't have let the maid go") sied parfaitement à ce rôle de grand-mère retirée du monde sur une île sauvage (les extérieurs sont magnifiques d'ailleurs et participent au romantisme et au mysticisme de cette séquence clef). C'est son dernier film.
La connivence Hepburn / Bening est immédiate et surtout, on voit très distinctement dans les yeux d'Annette l'émotion et l'admiration qu'elle éprouve à ce moment là pour la femme et l'actrice légendaire. Acteurs et personnages se confondent alors. Ils savent que le moment est unique et qu'ils ne se reverront probablement plus. Le film prend à ce moment une autre ampleur et l'émotion restera présente jusqu'à la fin. C'est pratiquement un exploit de réussir une histoire d'amour sans absolument aucune nunucherie en 1994. Tels les films de Bogdanovitch, ce Elle et lui est l'alliance de classicisme, de cinéphilie et de modernité.

Quant à Pierce Brosnan, il était décidément dans sa période cocu/ dindon de la farce (puisqu'il tenait le même genre de rôle dans Madame Doubtfire). Il était temps qu'il fasse James Bond..

Kate Capshaw est le pendant féminin de Brosnan, ils sont les amants délaissés par les deux protagonistes de cette histoire d'amour inattendue.

Le scénario de Robert Towne ("l'ancien talent des 70's") et Warren Beatty est assez proche du scénario original, à l'exception notable de la rencontre qui a lieu dans un avion juste avant son atterrissage en catastrophe sur un cailloux du pacifique. La séquence de la croisière mondaine a disparu, remplacée par un sauvetage sur un bateau russe (séquence étonnante durant laquelle les marins russes chantent du Beach Boys et apprennent à Terry McKay à boire à la russe, comme si les scénaristes s'amusaient eux-même de cette réconciliation Est-Ouest inattendue).
Du coup, on ne retrouve pas tout à fait le charme et la magie de la première version, ni la comédie de quiproquos (Deborah Kerr et Cary Grant déjeunant dos à dos scrutés par les autres passagers). Les scénaristes Towne et Beatty auront très probablement jugé que cette séquence ne fonctionnait plus en 1994. Ils n'ont peut-être pas eu tort d'ailleurs. Et puis cela donne surtout au film son indentité proche, évitant le copier-collé. Il y a bien un ou deux paparazzis qui rodent mais Beatty n'en use pas comme prétexte à la comédie.

Privé de ces éléments de comédie, le film se fait plus adulte et réaliste, moins drôle mais plus intemporel tout en étant totalement dans son époque. A ce titre, il réussit le petit exploit d'être pleinement une histoire d'amour des années 90 et ne jamais paraître empêtré dans les mécanismes trop bien huilés de la comédie romantique post-Quand Harry rencontre Sally.
En fait, la seule chose qui intéresse Beatty c'est Annette. Et comme on le comprend! Si elle ressemble physiquement davantage à Deboirah Kerr, elle est souvent plus proche du jeu taquin d'Irène Dunn face à Charles boyer. Elle laisse par exemple croire à Beatty qu'ils se sont déjà connu par le passé, le plongeant dans l'embarras.

"I like watching you move"


Ajoutez à cela une partition romantique juste ce qu'il faut du légendaire Ennio Morricone (dont la musique accompagnait déjà les premiers émois du couple Beatty/Bening dans Bugsy, très proche d'ailleurs dans son style langoureux) ainsi qu'une chanson de Louis Armstrong pour l'ambiance rétro à la woody allen et vous obtenez un film délicieusement romantique (et non une comédie romantique) injustement exclue des écrans français à sa sortie. Trois versions de cette histoire et trois bijoux, qui aurait cru cela possible.


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Warren Beatty


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Quelques mots sur cet acteur que j'adore (Bugsy et La Fièvre dans le sang dans mon Top100, l'hilarant et capra-ien Bulworth pas très loin, Love affair puis le méconnu Las Vegas, un couple, sans oublier bien sûr John McCabe, Reds et Bonny and Clyde), qui depuis la disparition de Paul Newman représente pour moi l'héritier d'une cool attitude classique (après lui, ce sera Kevin Costner).
Sous ses allures de playboy à la réputation sulfureuse il a démontré dès ses débuts une personnalité, un point de vue et un savoir-faire hors du commun. En outre, il a un don naturel pour la comédie.

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A 77 ans, le bougre ne jette pas l'éponge. Après de longues années d'absence , il est plus actif que jamais puisqu'il est réalisateur, scénariste et producteur d'un film annoncé depuis longtemps sur la dernière histoire d'amour du milliardaire Howard Hugues.

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C'est quoi Warren Beatty ?
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De son premier grand rôle au cinéma (La fièvre dans le sang, 1961) jusqu'à Bulworth (1998), il aura cherché et fuit avec la même ardeur les feux des projecteurs. Irrésistible incarnation du mâle américain et collectionneur de femmes, l'acteur-producteur-scénariste et finalement réalisateur oscarisé Warren Beatty incarne à lui seul le génie, la candeur et les excès d'Hollywood.

Devenu, dès l'âge de 30 ans, grâce à «Bonnie and Clyde», prince de ce royaume du cinéma qu'il a passionnément voulu conquérir, il mettra la même obstination à se dérober à ses diktats, se réfugiant dans le silence à intervalles réguliers et rejetant projets et rôles.

Sa flamboyante carrière se lit à l'aune de cette ambivalence, à l'image de la brève campagne à l'élection présidentielle de 2000 que cet homme de gauche entame avec fougue puis abandonne subitement, sans donner d'autre raison que son envie d'être ailleurs.

Avec, peut-être, une exception : «Reds», son deuxième film en tant que réalisateur, couronné d'un Oscar en 1981. Peut-être ce perfectionniste, capable de travailler des années sur un projet qui lui tient à cœur, n'est-il devenu star que pour convaincre les studios de faire du journaliste communiste John Reed, épouvantail de l'Amérique, le héros d'une éblouissante fresque hollywoodienne. C'est l'une des séduisantes hypothèses avancées par Olivier Nicklaus dans ce portrait romanesque, à la mesure de son sujet, composé exclusivement d’images d’archives et de séquences d’animation, qui traverse quarante ans de cinéma, entre modernité et nostalgie.
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Pendant vingt ans, Warren Beatty a été le roi de Hollywood, un statut entériné par son Oscar décroché en 1981.
Tel un caméléon, Beatty a su en effet brillamment enchainer les métamorphoses : playboy, jeune premier à succès, producteur, et réalisateur.
En dépit de ces réussites éclatantes, au fil du temps, Beatty s’est mis à tourner un visage de plus en plus ombrageux au monde du cinéma, jusqu’à se faire particulièrement rare ces vingt dernières années.
Beatty vient de mettre un point final à ce qui sera certainement son film-testament, un biopic sur les dernières années du nabab Howard Hughes.

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FILMOGRAPHIE


1959 : Dobie Gillis (série télévisée) : Milton Armitage
1961 : Le Visage du plaisir (The Roman Spring of Mrs. Stone) de José Quintero : Paolo di Leo
1961 : La Fièvre dans le sang (Splendor in the Grass) d'Elia Kazan : Bud Stamper
1962 : L'Ange de la violence (All Fall Down) de John Frankenheimer : Berry-Berry Willart
1964 : Lilith de Robert Rossen : Vincent Bruce
1965 : Promise Her Anything d'Arthur Hiller : Harley Rummell
1965 : Mickey One d'Arthur Penn : Mickey One
1966 : Le Gentleman de Londres (Kaleidoscope) de Jack Smight avec Susannah York : Barney Lincoln
1967 : Bonnie et Clyde (Bonnie and Clyde) d'Arthur Penn : Clyde Barrow (également producteur)
1970 : Las Vegas, un couple (The Only Game in Town) de George Stevens : Joe Grady
1971 : Dollars de Richard Brooks : Joe Collins
1971 : John McCabe (McCabe & Mrs. Miller) de Robert Altman : John McCabe (également scénariste[réf. nécessaire])
1974 : À cause d'un assassinat (The Parallax View) d'Alan J. Pakula : Joseph Frady
1975 : La Bonne Fortune (The Fortune) de Mike Nichols : Nicky Wilson
1975 : Shampoo de Hal Ashby : George Roundy (également scénariste et producteur)
1978 : Le ciel peut attendre (Heaven Can Wait) de lui-même : Joe Pendleton / Leo Farnsworth / Tom Jarrett (également scénariste producteur)
1981 : Reds de Warren Beatty : John Silas « Jack » Reed (également scénariste producteur)
1987 : Ishtar d'Elaine May : Lyle Rogers (également producteur)
1990 : Dick Tracy de lui-même : Dick Tracy (également producteur)
1991 : Bugsy de Barry Levinson : Ben « Bugsy » Siegel (également producteur)
1991 : In Bed with Madonna (Madonna: Truth or Dare) d'Alek Keshishian : lui-même
1994 : Rendez-vous avec le destin (Love Affair) de Glenn Gordon Caron : Mike Gambril (également scénariste et producteur)
1998 : Bulworth de lui-même : Jay Billington Bulworth (également scénariste et producteur)
2001 : Potins mondains et amnésies partielles (Town & Country) de Peter Chelsom : Porter Stoddard
2015 : Howard Hugues projet (également réalisateur, scénariste et producteur)

Le vrai box-office US de tous les temps

Petit rappel : le vrai top 100 du box-office US de tous les temps, avec calcul de l’inflation  :

1. Autant en emporte le vent (1,6 milliard)
2. Star Wars Épisode IV (1,4 milliard)
3. La Mélodie du bonheur (1,1 milliard)
4. ET (1,1 milliard)
5. Titanic (1,1 milliard)
6. Les Dix Commandements (1,09 milliard)
7. Les Dents de la mer (1,07 milliard)
8. Le Docteur Jivago (1,04 milliard)
9. L’Exorciste (927 millions)
10. Blanche-Neige et les sept nains (914 millions)
11. Les 101 Dalmatiens (838 millions)
12. L’Empire contre-attaque (823 millions)
13. Ben-Hur (822 millions)
14. Avatar (815 millions)
15. Le Retour du Jedi (789 millions)
16. Jurassic Park (771 millions)
17. Star Wars Épisode I (757 millions)
18. Le Roi Lion (747 millions)
19. L’Arnaque (747 millions)
20. Les Aventuriers de l’Arche perdue (742 millions)
21. Le Lauréat (717 millions)
22. Fantasia (696 millions)
23. Le Parrain (662 millions)
24. Forrest Gump (659 millions)
25. Mary Poppins (655 millions)
26. Grease (645 millions)
27. The Avengers (644 millions)
28. Jurassic World (650 millions)
29. Opération tonnerre (627 millions)
30. The Dark Knight (624 millions)
31. Le Livre de la jungle (618 millions)
32. La Belle au bois dormant (609 millions)
33. Ghostbusters (597 millions)
34. Shrek 2 (596 millions)
35. Butch Cassidy et le Kid (591 millions)
36. Love Story (587 millions)
37. Spider-Man (582 millions)
38. Independence Day (581 millions)
39. Maman, j’ai raté l’avion (586 millions)
40. Pinocchio (565 millions)
41. Cléopatre (563 millions)
42. Le Flic de Berverly Hills (563 millions)
43. Goldfinger (556 millions)
44. Airport (554 millions)
45. American Graffiti (551 millions)
46. La Tunique (549 millions)
47. Pirates des Caraïbes : Le Secret du coffre maudit (542 millions)
48. Le Tour du monde en 80 jours (542 millions)
49. Bambi (534 millions)
50. Le Shérif est en prison (530 millions)
51. Batman (528 millions)
52. Les Cloches de Sainte-Marie (526 millions)
53. Le Seigneur des anneaux : Le Retour du Roi (517 millions)
54. Le Monde de Nemo (517 millions)
55. La Tour infernale (514 millions)
56. Spider-Man 2 (504 millions)
57. My Fair Lady (503 millions)
58. Sous le plus grand chapiteau du monde (503 millions)
59. Animal College (502 millions)
60. La Passion du Christ (500 millions)
61. Star Wars Épisode 3 (497 millions)
62. Retour vers le futur (495 millions)
63. Le Seigneur des anneaux : Les Deux Tours (484 millions)
64. The Dark Knight Rises (483 millions)
65. Sixième Sens (483 millions)
66. Superman (481 millions)
67. Tootsie (477 millions)
68. Cours après moi shérif (476 millions)
69. West Side Story (469 millions)
70. Harry Potter à l'école des sorciers (469 millions)
71. La Belle et le clochard (467 millions)
72. Rencontres du troisième type (466 millions)
73. Lawrence d’Arabie (464 millions)
74. The Rocky Horror Picture Show (462 millions)
75. Rocky (461 millions)
76. Les Plus belles années de notre vie (461 millions)
77. L'Aventure du Poséidon (460 millions)
78. Le Seigneur des anneaux (459 millions)
79. Twister (458 millions)
80. Men in Black (458 millions)
81. Le Pont de la rivière Kwai (456 millions)
82. Transformers 2 (452 millions)
83. Un Monde fou, fou, fou, fou (452 millions)
84. Les Robinsons des mers du sud (451 millions)
85. Vol au-dessus d'un nid de coucou (450 millions)
86. MASH (450 millions)
87. Indiana Jones et le temple maudit (449 millions)
88. Star Wars Épisode II (448 millions)
89. Avengers : L’Ère d’Ultron (458 millions)
90. Madama Doubtfire (442 millions)
91. Aladdin (439 millions)
92. Toy Story 3 (437 millions)
93. Ghost (431 millions)
94. Hunger Games 2 (428 millions)
95. Duel au soleil (428 millions)
96. Hunger Games (426 millions)
97. Pirates des Caraïbes : la malédiction du Black Pearl (424 millions)
98. La Maison de cire (423 millions)
99. Fenêtre sur cour (422 millions)
100. Le Monde perdu (418 millions)

jeudi 1 octobre 2015

Films noirs, sans domicile fixe : L'assassin au gant de velours / Kid Glover Killer (1942)

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L'assassin au gant de velours / Kid Glover Killer (1942)


Réalisation : Fred Zinnemann
Scénario: Allen Rivkin, John C. Higgins
Avec : Van Heflin, Marsha Hunt, Lee Bowman [/center]

On a parfois enlèvé à ce film le qualificatif de film noir mais dans ce cas on peut aussi l'enlever de bon nombre de films d'enquêtes policières souvent considérés comme parti prenante du genre noir ( Appelez nord 777 par exemple ).
Noël Simsolo à ce sujet écrivait d'ailleurs : "On peut légitimement s'étonner de voir citer Call Northside 777 et The Naked city dans des anthologies consacrées au cycle noir, classification abusive parce que ces productions n'en appellent jamais à la désignation d'individus luttant avec leurs propres démons. Ce sont des films conçus pour défendre l'ordre des choses et non pour le remettre en question, du moins tels qu'ils nous sont parvenus car Jules Dassin a toujours précisé que ses producteurs avaient transformé son travail sur The naked city en le détournant ainsi contre sa volonté. Un réel apport esthétique découle cependant de ces reportages-fictions : la poésie urbaine venue du tournage en extérieur dans les rues d'une ville. Mais tout dépend du regard du cinéaste sur la beauté des lieux car ces images n'ont qu'un pittoresque de surface si elles ne se fondent pas dans une forme à l'ensemble cohérent. La part documentaire n'a qu'un intérêt décoratif si un univers personnel ne vient pas la colorer de sa propre sensibilité. Cela déborde l'effet du réel. Quand cette forme particulière réintègre la narration d'une fiction , elle ne transforme pas un thriller ou un film à suspense en film noir. Contrairement aux affirmations de certains historiens, il est aussi difficile d'intégrer au noir toutes ces œuvres glorifiant la police (...) ces dispositifs engendrent généralement des films idéologiques, officiels et souvent réactionnaires, qui sont tantôt construits sur l'investigation sous la forme de faux reportage, tantôt teintés d'humanisme à la gloire des forces de l'ordre."

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Si Kid Glover Killer n'échappe pas au défaut du didactisme (en présentant en détail les travaux de la police scientifique, je n'ose pas dire les débuts), il est surtout un film très agréable à regarder, plein de charme et divertissant.
J'ai beaucoup aimé ce film qui marque les débuts de Fred Zinnemann à la réalisation d'un long métrage. Un film que l'on pourrait grossièrement qualifier d'ancêtre des Experts et autre NCIS télévisés, à ce détail près qu'il est quand même à la marge du film noir en faisant état de la corruption gangrénant la politique. En effet, le truand est à la fois au cœur du pouvoir, à la tête d'une grande campagne médiatique (affiches et radio) pour le nettoyage de la racaille mafieuse mais également un ami personnel du personnage de Van Heflin, scientifique, criminologue et accessoirement en charge de l'enquête.

Tout commence par l’élection d'un homme politique et de son procureur général (attorney) mais l'on découvre vite que Ladimer (Lee Bowman), l'avocat et star de radio ayant soutenu l'élection et porté au pouvoir le ticket électoral maire/procureur est en fait un homme corrompu et jouant double jeu avec les politiciens pour lesquels il travaille. Lorsque ce dernier réalise que le maire était sincère et sérieux lorsqu'il décrétait vouloir éradiquer la violence et la corruption (le changement c'est vraiment maintenant), il en informe immédiatement ses connections mafieuses et les gangsters passent aussitôt à l'action : l'attorney est tout d'abord retrouvé assassiné, puis le maire est lui-même menacé surtout lorsqu'il découvre avec étonnement que Ladimer a contracté une police de 80000 dollars avec un dépôt de 28000 dollars cash...

L'enquête est confié à Gordon McKay (Van Heflin), un scientifique de la police accompagné de sa jolie assistante Jane Mitchell (Marsha Hunt).
Mais autour d'eux rode Gerald Ladimer qui est aussi un vieil ami de McKay.. Pratique pour surveiller les avancées de l'enquête..
En outre, il s'intéresse de près à la jolie Marsha Hunt qui, il faut le dire est absolument délicieuse dans ce film (amoureuse et piquante à la fois, un peu à la manière de Myrna Loy la décennie précédente).
Van Heflin n'est pas en reste dans ce domaine et fait preuve à la fois de beaucoup d'humour et de charme nonchalant. Le couple star met tellement de charme et de bon humeur que l'ambiance film noir se dissipe au profit d'une ambiance plus romantique.

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Et donc comme je le mentionnais précédemment, vous pourrez y voir Ava Gardner dans l'une de ses premières apparitions, en serveuse de drive-in :

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