jeudi 1 octobre 2015

Films noirs, sans domicile fixe : L'assassin au gant de velours / Kid Glover Killer (1942)

Image

L'assassin au gant de velours / Kid Glover Killer (1942)


Réalisation : Fred Zinnemann
Scénario: Allen Rivkin, John C. Higgins
Avec : Van Heflin, Marsha Hunt, Lee Bowman [/center]

On a parfois enlèvé à ce film le qualificatif de film noir mais dans ce cas on peut aussi l'enlever de bon nombre de films d'enquêtes policières souvent considérés comme parti prenante du genre noir ( Appelez nord 777 par exemple ).
Noël Simsolo à ce sujet écrivait d'ailleurs : "On peut légitimement s'étonner de voir citer Call Northside 777 et The Naked city dans des anthologies consacrées au cycle noir, classification abusive parce que ces productions n'en appellent jamais à la désignation d'individus luttant avec leurs propres démons. Ce sont des films conçus pour défendre l'ordre des choses et non pour le remettre en question, du moins tels qu'ils nous sont parvenus car Jules Dassin a toujours précisé que ses producteurs avaient transformé son travail sur The naked city en le détournant ainsi contre sa volonté. Un réel apport esthétique découle cependant de ces reportages-fictions : la poésie urbaine venue du tournage en extérieur dans les rues d'une ville. Mais tout dépend du regard du cinéaste sur la beauté des lieux car ces images n'ont qu'un pittoresque de surface si elles ne se fondent pas dans une forme à l'ensemble cohérent. La part documentaire n'a qu'un intérêt décoratif si un univers personnel ne vient pas la colorer de sa propre sensibilité. Cela déborde l'effet du réel. Quand cette forme particulière réintègre la narration d'une fiction , elle ne transforme pas un thriller ou un film à suspense en film noir. Contrairement aux affirmations de certains historiens, il est aussi difficile d'intégrer au noir toutes ces œuvres glorifiant la police (...) ces dispositifs engendrent généralement des films idéologiques, officiels et souvent réactionnaires, qui sont tantôt construits sur l'investigation sous la forme de faux reportage, tantôt teintés d'humanisme à la gloire des forces de l'ordre."

Image


Si Kid Glover Killer n'échappe pas au défaut du didactisme (en présentant en détail les travaux de la police scientifique, je n'ose pas dire les débuts), il est surtout un film très agréable à regarder, plein de charme et divertissant.
J'ai beaucoup aimé ce film qui marque les débuts de Fred Zinnemann à la réalisation d'un long métrage. Un film que l'on pourrait grossièrement qualifier d'ancêtre des Experts et autre NCIS télévisés, à ce détail près qu'il est quand même à la marge du film noir en faisant état de la corruption gangrénant la politique. En effet, le truand est à la fois au cœur du pouvoir, à la tête d'une grande campagne médiatique (affiches et radio) pour le nettoyage de la racaille mafieuse mais également un ami personnel du personnage de Van Heflin, scientifique, criminologue et accessoirement en charge de l'enquête.

Tout commence par l’élection d'un homme politique et de son procureur général (attorney) mais l'on découvre vite que Ladimer (Lee Bowman), l'avocat et star de radio ayant soutenu l'élection et porté au pouvoir le ticket électoral maire/procureur est en fait un homme corrompu et jouant double jeu avec les politiciens pour lesquels il travaille. Lorsque ce dernier réalise que le maire était sincère et sérieux lorsqu'il décrétait vouloir éradiquer la violence et la corruption (le changement c'est vraiment maintenant), il en informe immédiatement ses connections mafieuses et les gangsters passent aussitôt à l'action : l'attorney est tout d'abord retrouvé assassiné, puis le maire est lui-même menacé surtout lorsqu'il découvre avec étonnement que Ladimer a contracté une police de 80000 dollars avec un dépôt de 28000 dollars cash...

L'enquête est confié à Gordon McKay (Van Heflin), un scientifique de la police accompagné de sa jolie assistante Jane Mitchell (Marsha Hunt).
Mais autour d'eux rode Gerald Ladimer qui est aussi un vieil ami de McKay.. Pratique pour surveiller les avancées de l'enquête..
En outre, il s'intéresse de près à la jolie Marsha Hunt qui, il faut le dire est absolument délicieuse dans ce film (amoureuse et piquante à la fois, un peu à la manière de Myrna Loy la décennie précédente).
Van Heflin n'est pas en reste dans ce domaine et fait preuve à la fois de beaucoup d'humour et de charme nonchalant. Le couple star met tellement de charme et de bon humeur que l'ambiance film noir se dissipe au profit d'une ambiance plus romantique.

Image
Image

Et donc comme je le mentionnais précédemment, vous pourrez y voir Ava Gardner dans l'une de ses premières apparitions, en serveuse de drive-in :

Image
Image
Image

Aucun commentaire:

Enregistrer un commentaire