L'assassin a peur la nuit est le second film de Jean Delannoy.
Basé sur un roman de Pierre Véry (l'auteur des Disparus de Saint-Agil, Goupi-Mains rouges et L'Assassinat du Père Noël tous les trois édités en Blu ray ce mois-ci) plutôt moraliste (péché, rédemption, pardon), ce film est néanmoins plaisant à regarder en dépit de quelques lourdeurs (comme par exemple la séquence de l'alcoolisme soudain de l'assassin pris de remord après son geste, appuyé par le tic-tac obsédant de l'horloge).
On est vraiment pas loin de l'ambiance d'un film noir américain, en particulier au début car dès que l'action se déplace de la ville pour la campagne, l'atmosphère se fait moins lourde, moins polar, plus mélodramatique.
Si Mireille Balin endosse une nouvelle fois le rôle de la femme fatale et que la mignonne Louise Carletti joue de façon convaincante la gentille fille de la campagne, Delannoy évite de tomber dans la caricature et les stéréotypes. Ainsi, le personnage joué par Louise Carletti n'est pas si naïve et certainement pas une faible proie sans défense tandis que Mireille Balin (Lola Gracieuse) a un rôle nuancé tout comme Henri Guisol alias Bébé-Fakir, le complice.
Jules Berry à l'instar d'un Peter Lorre joue un personnage de serpent essayant de tirer parti des faiblesses des autres (Mireille Balin en l'occurence à qui il fait du chantage).
Le film se termine d'ailleurs pratiquement sur ces paroles : "Personne n'est jamais tout à fait mauvais".
Jean Chevrier qui joue le personnage principal du cambrioleur de talent (et potentiel assassin du titre) n'est certes pas Jean Gabin (j'imagine que le rôle aurait très bien pu lui échoir s'il n'avait pas déjà quitté la France pour les Etats-Unis à cette époque) mais il se débrouille plutôt bien. Surtout, il a la gueule de l'emploi et un charisme naturel. Je le trouve moins convaincant lorsqu'il s'agit de simuler la folie et l'alcoolisme. On reverra l'acteur dans le sublime Falbalas.
Mireille Balin aura travaillé à trois reprises sous la direction de Jean Delannoy : en 1938 pour Vénus de l’or, en 1940 pour Macao l’enfer du jeu (sera interdit dès juin 1940, du fait de la présence de Von Stroheim) et en 1942 pour L’assassin a peur la nuit. Ces trois films ont été commandés par les Productions Minerva.
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