samedi 23 avril 2016

Black or White (2014) - Kevin Costner est toujours le plus grand

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Black or White (2014)

Avec : Kevin Costner, Octavia Spencer, Gillian Jacobs, Anthony Mackie

Elliot Anderson, avocat et veuf, élève sa petite-fille métisse, Eloïse, depuis la mort de sa fille en couches. Alors qu'il essaie de surmonter son chagrin, son univers bascule quand la petite est réclamée par sa grand-mère afro-américaine, Rowena, qui exige qu'elle soit confiée à son père, Reggie, un drogué qu'Elliot tient pour responsable de la mort de sa propre fille. Elliot se retrouve plongé dans une bataille acharnée pour la garde d'Eloïse. Il est prêt à tout pour que la petite ne se retrouve pas livrée à son père, incapable de s'occuper correctement d'elle.

Kevin Costner retrouve son réalisateur de Les bienfaits de la colère (de retour à la réalisation après sept années d’absence) pour produire et jouer dans ce drame judiciaire et familial un peu dans la lignée de Kramer contre Kramer, version grand-parents si je puis-dire. A l'image de la carrière de l'acteur, un film passé totalement inaperçu, même pas distribué en France et pourtant poignant, humble et humaniste, jamais tire-larmes ni manichéen ou gnan-gnan. Bref encore un sans-faute pour la méga-star à l'ancienne Costner. Loin des sommets du box-office (sauf quand il fait une apparition furtive en Glenn Ford de Superman, pour sûr ça doit lui faire plaisir de lui succéder en papa adoptif du plus grand super-héros américain), il semble ne pas se préoccuper ni de son statut ni de son âge tant qu'il peut continuer à produire ou réaliser de bons films américains comme celui-ci. L'acteur, conscient de son âge, ne joue plus autant sur son charme qu'auparavant et exprime une fragilité encore peu connue. L'une des ses interprétations les plus touchantes.

vendredi 22 avril 2016

Take One False Step (1949)

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Take One False Step (1949)

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Réalisation: Chester Erskine
Scenario : Irwin Shaw
Avec : William Powell, Shelley Winters, Marsha Hunt, Dorothy Hart

Take One False Step, ou litteralement "attention aux faux pas" est un film noir qui démarre par un curieux générique, totalement hors sujet, qui annonce une comédie. A se demander si les responsables et les personnes en charge ont vu le film ou même lu le script, ou s'ils se sont simplement arrêté à la lecture du casting : William Powell = comédie ??
C'est pourtant bien d'un thriller dont il s'agit. Le film fait partie de la catégorie des films noirs que j'appelle les jememetsdanslamerdetoutseulaulieudalleralapolice. L'intrigue se déroule quelques années après la fin de la guerre. A la faveur d'un voyage à Los Angeles à la recherche de fonds pour un nouvel établissement, Andrew Gentling/William Powell, un professeur universitaire distingué et bien sous tous rapports rend une visite de courtoisie à une ancienne amie (Shelley Winters, qu'on a rarement vu aussi mince) assidument fréquentée pendant la guerre. Il est fortement suggéré que les deux ont été amants et que leurs trajectoires se sont éloignées par la suite. L'un a tourné la page, s'est fait une situation et s'est marié tandis que l'autre n'a pas évolué et regrette desormais "le bon temps" des années 1942-1945. Après une visite de courtoisie, Powell rejette les avances de Shelley Winter et celle-ci quitte sa voiture et part seule déambuler dans les rues en pleine nuit, emportant avec elle l'écharpe de Powell. Tout en serait resté là si le lendemain il n'apprenait le meurtre de cette dernière. A l'occasion d'une scène avec le doyen de l'université, on comprend qu'on ne rigole pas avec les bonnes moeurs en ces temps d'après guerre. Celui-ci ne tolére aucun écart de ses subordonnées dans leur vie privée qui doit être exemplaire. Ainsi lorsque Powell découvre le meurtre à la une des journaux, il trouve contraint de dissimiler les preuves de sa visite à la victime.. Il faut garder en tête le corsetage de la société américaine de l'époque pour admettre ce point de départ, car évidemment il aurait été tellement plus simple pour Powell de simplement aller s'expliquer à la police.

Dans ce genre (même si les personnages n'ont rien à voir), le Quicksand (1950) de Mickey Rooney était bien plus réussit, néanmoins Take One False Step se suit sans déplaisir en dépit d'un scénario alambiqué et d'une fin bien compliquée pour pas grand chose. en outre, il y a également un manque flagrant d'alchimie entre un Powell plus aussi fringuant que dans ses comédies d'avant guerre et une jeune Shelley Winters. Mais cela s'avère de circonstance puisque les personnages eux-même n'ont justement plus rien en commun, la guerre passée. La présence de Masha Hunt y est pour beaucoup. Elle semble d'ailleurs ne pas être vraiment sortie de son rôle dans Kid glove killer (L'assassin au gant de velours) tant sa dynamique est proche. Elle est l'alliée fidèle qui aide le personnage masculin à se disculper.


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La Vie très privée de Monsieur Sim (2015, de Michel Leclerc)

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La Vie très privée de Monsieur Sim de Michel Leclerc

François Sim, homme solitaire et quinquagénaire divorcé, a pratiquement tout raté dans sa vie : son mariage, sa carrière et à se faire aimer de sa fille. Lors d'un voyage en avion pour aller voir son père, il est ennuyeux à mourir. Ses vacances avec son père se révèlent catastrophiques. A l'aéroport, il rencontre Poppy qui enregistre des bruits d'avion. Des sons qui serviront d'alibi aux hommes mariés volages. François tombe sous le charme de la jeune fille qui ne tarde pas à l'inviter à dîner. Sur place, François rencontre l'oncle de Poppy qui lui raconte l'histoire étrange d'un navigateur anglais qui leurre tout le monde...

Voici peut-être bien la comédie la plus morose de l'année mettant en scène Jean-Pierre Bacri homme dépressif de cinquante ans, fraichement divorcé mais surtout un homme terriblement seul. 
Le film commence d'ailleurs exactement comme Blue Jasmine de Woody Allen : Bacri est dans l'avion et raconte sa vie à son voisin qui n'en a cure. En fait durant tout le film Bacri racontera sa vie à tout ce qui bouge et même à ce qui ne bouge pas, comme son GPS par exemple. 
Jean-Pierre Bacri a été nommé aux Césars pour ce rôle et pourtant c'est loin d'être évident et d'autres auraient bien davantage mérité cette nomination (Benjamin Lavernhe, Olivier Gourmet). Le film n'est pas si long mais il parait parfois très long et morne. Quelques éclaircies viennent pourtant sauver le film de l'ennui : Vimala Pons (pour changer dans un rôle léger et quelque-peu farfelu), Mathieu Amalric (savoureuse scène dans laquelle il prend la defense de Bacri devant un golden boy arrogant mais inculte) et surtout Valeria Golino, incarnant un ancien amour d'adolescence dans la plus belle séquence du film ("quand ça veut pas, ça veut pas") malheureusement sous-exploitée.
Trois courtes séquences qui viennent sauver le film de l'ennui donc (le pire étant la disgression sans intérêt sur le navigateur des années 1960). C'est un peu comme si Michel Leclerc avait fait Le nom des gens en ne gardant que les séquences tristes avec Gamblin et en soustrayant toute la folie jubilatoire autour du personnage de Sarah Forestier qui donnait au film un équilibre parfait.. Est-ce du à l'absence de sa co-scénariste Baya Kasmi parti faire son propre film (Je suis à vous tout de suite ) ?

The Search (2014)

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The Search (2014)

Difficile de reconnaître la paternité de Michel Hazanavicius dans cette réalisation tant le film constitue un tournant (ou un ovni, l'avenir nous le dira) dans la filmographie du cinéaste.
La patte Hazanavicius, c'est surtout son audace et sa liberté. En l’occurrence, il est comme un joueur de Casino, ayant touché le jackpot sur un coup de dés et qui décide de remettre ses gains en jeu pour tenter un coup impossible pendant qu'il a la main : une production française de 22 millions en trois langues sur un conflit dont tout le monde se moque(la guerre de Tchétchénie de 1999), un film de guerre réaliste, sans patriotisme, sans héros, juste sale. 
La réalisation ne fait pas dans l'esbroufe, ce qui compte ce sont vraiment les personnages. Sur ce point, c'est une réussite qui s'évertue à montrer les ravages de cette guerre, tant sur les victimes que sur les bourreaux à travers la lente descente aux enfers d'un jeune russe arrêté dans la rue pour avoir fumé un joint et contraint pour éviter la prison de s’enrôler dans l'armée et de partir pour ces "opérations anti-terroristes" comme l'ONU les a qualifiées. Peu à peu il se transforme en monstre. Il y a quelque-chose de Full Metal Jacket (une scène est d'ailleurs sans équivoque sur cette parenté) dans ce segment du film un peu coupé en deux. En parallèle, nous suivons l'histoire d'un petit garçon fuyant le front et qui fini par être recueilli en ville par Carole, une chargée de mission pour l'Union européenne. C'est dans la relation entre Hadji, le gamin longtemps muet mais vraiment touchant et le personnage de Bérénice Bejo que le film emporte l'adhésion. Depuis The Artist, l'actrice a atteint une puissance de jeu supérieure. Il faut dire qu'il faut qu'elle assure face au jeune Abdul Khalim Mamatsuiev saisissant de naturel et d'intensité. C'est dans la direction d'acteur que Michel Hazanavicius se bonifie à chaque film. Vivement le prochain.

http://www.festival-cannes.com/assets/I ... 0cc93c.pdf

mardi 5 avril 2016

Virages / Winning (1969)

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Virages / Winning (1969)

Ce film de James Goldstone est assez étonnant. On aura rarement vu un film de courses aussi calme, à l'opposé des autres films du genre remplis de bruits de moteur et de musiques de circonstance. Là le spectateur est pris à contrepied, les scènes de courses sont plutôt courtes (hormis la dernière) et les scènes hors piste sont souvent silencieuses, sans musique, sans bruit de moteur, même les dialogues sont réduits à l'essentiel. Contrairement à ce que la jaquette du dvd laisse augurer, la course est donc reléguée au second plan. L'intrigue se porte principalement sur la tentative du personnage de Paul Newman, Frank Capua, pilote vedette participant aux 500 miles d'Indianapolis, de concilier carrière et vie sentimentale. "Gagner" sur la piste ne lui suffit plus, il veut gagner en-dehors, avoir des perspectives de vie au-delà du volant de course comme il le dit lui même au cours du film. Totalement pris par son travail, les courses et la mécanique, il tente de construire une famille malgré tout, épousant Elora (Joanne Woodward) une femme divorcée et mère d'un adolescent de 16 ans qu'il adopte et pour lequel il se prend rapidement d'affection. Mais la course l'accapare tellement que sa femme se sent rapidement délaissée..
A propos du personnage joué par Woodward, il est étonnant de constater qu'il est pratiquement dans le prolongement de celui qu'elle venait tout juste de quitter de Rachel, Rachel, celui d'une vieille fille toujours sous l'emprise de sa mère qui cherchait à trouver un sens à sa vie dans une petite ville de l'Amérique profonde. Une réplique du film semble d'ailleurs faire écho à cela, lorsqu'Elora/Joanne Woodward déclare au moment de rejoindre Paul Newman que sa mère la traite encore comme une petite fille.

Comme c'est souvent le cas avec Newman, le film repose principalement sur le charme de l'acteur. Et quand il est face à Joanne Woodward, c'est peut-être encore plus marquant. D'ailleurs, on a vite l'impression de voir les deux acteurs et non leurs personnages à l'écran. On s'imagine qu'ils nous livrent une petite partie de leur intimité, que ce qu'il nous raconte fait peut-être écho à leur vie de couple.
Le réalisateur James Goldstone ne s'y trompe pas, s'appuyant sur leurs échanges de regards tant dans les scènes de séduction que dans les scènes de crise conjuguale. Un regard intense et silencieux vaut mieux qu'un long discours. Il parait que Tarantino déteste le film.. pas vraiment étonnant : peu de dialogues, un scénario extrêmement simple et un suspense aussi dense que dans un film d'Elvis Presley. 

Ce sentiment de voir Paul Newman à l'écran est amplifié par la vie de la star. C'est à l'occasion du tournage de Virages que Newman a découvert la compétition automobile en 1968. Tombé amoureux de ce sport, il met alors à profit son aisance financière pour entamer parallèlement à sa carrière d'acteur une carrière de pilote de course. Compte tenu de son âge, Newman ne peut évidemment pas viser les sommets, mais il parvient tout de même à décrocher la deuxième place des 24 heures du Mans 1979 en équipage avec Rolf Stommelen et Dick Barbour sur une Porsche 935 du Dick Barbour Racing.

En 1995, Paul Newman remporte aussi une victoire de catégorie à l'occasion des 24 heures de Daytona (3e au classement général sur Ford Mustang, après une 5e place en 1977 sur Ferrari 365 GTB). La passion de Paul Newman pour la course se matérialise également en 1978 par la création d'une écurie de CanAm, le Newman Racing, puis en 1983 d'une écurie. En 2005, à plus de 80 ans, Newman a même repris le volant lors des 24 heures de Daytona en compagnie de ses pilotes Sébastien Bourdais et Bruno Junqueira.


A propos du dvd zone 2, une mauvaise nouvelle : oui ça existe encore des dvds avec version française et version originale non sous-titrée. Il faudra donc choisir entre la VF (le doublage de Newman est pas mal cela dit, ce n'est malheureusement aussi bien pour sa femme) et la V.O. pure. Mais compte tenu de la faiblesse de l'intrigue, c'est jouable.. Dommage car l'image est plutôt belle.

lundi 4 avril 2016

Du haut de la terrasse (1960)

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Du haut de la terrasse (1960)

Gros plaisir coupable devant ce From the terrace, mélo réalisé par Mark Robson en DeLuxe Color et troisième film du couple Paul Newman/Joanne Woodward avec également la fragile Ina Balin (qui reçut une nomination aux Globes pour le film) ainsi que Myrna Loy, vieillie mais reconnaissable au premier coup d’œil et irrésistible (dans le sens affectif du terme). Quelle excellente idée que de lui avoir fait jouer la mère de Paul Newman ! Leur parenté artistique est évidente à l'écran. En peu de scènes, Myrna Loy marque les esprits par sa composition d'une mère alcoolique qui n'ose plus regarder son fils dans les yeux.

Le scénario est adapté d'un roman de John O'Hara qui s'était fait une spécialité des histoires "mondaines" (Butterfield 8Pal Joey sont également tirés de ses écrits). 
J'ai retrouvé dans ce film des thématiques et une ambiance qui m'ont fait beaucoup pensé à La Fièvre dans le sang de Kazan sorti quelques mois après. Le poids des conventions sociales, le patriarcat et la confrontation avec le père, les choix de vie, les sacrifices, la course à la réussite sociale.. En cette fin des années 50, Paul Newman semble être abonné aux rôles de jeunes héritiers de la bourgeoisie américaine (du Sud dans La chatte sur un toit brulant ou de Philadelphie comme le Tony Lawrence de "The Young Philadelphians" et le Alfred Eaton de From the terrace. Ce dernier est un opportuniste issu de la moyenne bourgeoisie de Philadelphie, consummé par la soif de réussite et le désir de surpasser le père, objectif promis à la jeunesse en cet après-guerre où le rêve américain est offert à tous.
C'est un personnage attachant car il est à la fois ambitieux mais sans illusion et si c'est un opportuniste, ce n'est pas un arriviste prêt à tout. Sa rencontre avec Mary St. John alias Joanne Woodward lui ouvre les portes du grand monde mais ses sentiments semblent non faints. On aime Newman ou pas et à ce titre ceux qui ne sont pas fans de l'acteur pourront trouver son jeu un peu toujours le même et maniéré (La chatte sur un toit brulant) dans ces années là. Ce n'est pas mon cas.
Quant à Joanne Woodward, je trouve que c'est une actrice qu'on apprécie progressivement (c'est le cas pour moi quoiqu'il en soit), n'ayant pas le physique ravageur de ces concurrentes de l'époque. Ici en héritière délaissée par son mari trop occupé par les exigences de sa carrière, elle est vraiment parfaite. On a à la fois de l'empathie malgré son manque de compassion et son égocentrisme de fille à papa trop gâtée par la vie.

Bien entendu, les scènes entre Newman et Woodward profitent de l'alchimie du couple. C'est un grand plaisir de les voir tant dans les scènes de séduction (la première, sur la terrasse, est délectable, Newman ayant une façon bien à lui pour conquérir la demoiselle) que dans les scènes de ménage. En revanche la mise en scène de Robson ne brille pas pour les scènes de romance avec la gentille et quelque-peu transparente Ina Balin, mais cette transparence relative ne déssert pas le récit, bien au contraire. 

A signaler également une belle musique romantique de Elmer Bernstein.


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