mardi 5 avril 2016

Virages / Winning (1969)

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Virages / Winning (1969)

Ce film de James Goldstone est assez étonnant. On aura rarement vu un film de courses aussi calme, à l'opposé des autres films du genre remplis de bruits de moteur et de musiques de circonstance. Là le spectateur est pris à contrepied, les scènes de courses sont plutôt courtes (hormis la dernière) et les scènes hors piste sont souvent silencieuses, sans musique, sans bruit de moteur, même les dialogues sont réduits à l'essentiel. Contrairement à ce que la jaquette du dvd laisse augurer, la course est donc reléguée au second plan. L'intrigue se porte principalement sur la tentative du personnage de Paul Newman, Frank Capua, pilote vedette participant aux 500 miles d'Indianapolis, de concilier carrière et vie sentimentale. "Gagner" sur la piste ne lui suffit plus, il veut gagner en-dehors, avoir des perspectives de vie au-delà du volant de course comme il le dit lui même au cours du film. Totalement pris par son travail, les courses et la mécanique, il tente de construire une famille malgré tout, épousant Elora (Joanne Woodward) une femme divorcée et mère d'un adolescent de 16 ans qu'il adopte et pour lequel il se prend rapidement d'affection. Mais la course l'accapare tellement que sa femme se sent rapidement délaissée..
A propos du personnage joué par Woodward, il est étonnant de constater qu'il est pratiquement dans le prolongement de celui qu'elle venait tout juste de quitter de Rachel, Rachel, celui d'une vieille fille toujours sous l'emprise de sa mère qui cherchait à trouver un sens à sa vie dans une petite ville de l'Amérique profonde. Une réplique du film semble d'ailleurs faire écho à cela, lorsqu'Elora/Joanne Woodward déclare au moment de rejoindre Paul Newman que sa mère la traite encore comme une petite fille.

Comme c'est souvent le cas avec Newman, le film repose principalement sur le charme de l'acteur. Et quand il est face à Joanne Woodward, c'est peut-être encore plus marquant. D'ailleurs, on a vite l'impression de voir les deux acteurs et non leurs personnages à l'écran. On s'imagine qu'ils nous livrent une petite partie de leur intimité, que ce qu'il nous raconte fait peut-être écho à leur vie de couple.
Le réalisateur James Goldstone ne s'y trompe pas, s'appuyant sur leurs échanges de regards tant dans les scènes de séduction que dans les scènes de crise conjuguale. Un regard intense et silencieux vaut mieux qu'un long discours. Il parait que Tarantino déteste le film.. pas vraiment étonnant : peu de dialogues, un scénario extrêmement simple et un suspense aussi dense que dans un film d'Elvis Presley. 

Ce sentiment de voir Paul Newman à l'écran est amplifié par la vie de la star. C'est à l'occasion du tournage de Virages que Newman a découvert la compétition automobile en 1968. Tombé amoureux de ce sport, il met alors à profit son aisance financière pour entamer parallèlement à sa carrière d'acteur une carrière de pilote de course. Compte tenu de son âge, Newman ne peut évidemment pas viser les sommets, mais il parvient tout de même à décrocher la deuxième place des 24 heures du Mans 1979 en équipage avec Rolf Stommelen et Dick Barbour sur une Porsche 935 du Dick Barbour Racing.

En 1995, Paul Newman remporte aussi une victoire de catégorie à l'occasion des 24 heures de Daytona (3e au classement général sur Ford Mustang, après une 5e place en 1977 sur Ferrari 365 GTB). La passion de Paul Newman pour la course se matérialise également en 1978 par la création d'une écurie de CanAm, le Newman Racing, puis en 1983 d'une écurie. En 2005, à plus de 80 ans, Newman a même repris le volant lors des 24 heures de Daytona en compagnie de ses pilotes Sébastien Bourdais et Bruno Junqueira.


A propos du dvd zone 2, une mauvaise nouvelle : oui ça existe encore des dvds avec version française et version originale non sous-titrée. Il faudra donc choisir entre la VF (le doublage de Newman est pas mal cela dit, ce n'est malheureusement aussi bien pour sa femme) et la V.O. pure. Mais compte tenu de la faiblesse de l'intrigue, c'est jouable.. Dommage car l'image est plutôt belle.

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