jeudi 24 décembre 2020

Mister Freedom (1968)

Image

Mister Freedom (1968) 

est une farce qui réjouira tout anti-américain primaire dans lequel Marie-Madeleine (Delphine Seyrig en petite tenue sexy durant tout le film) guide un super héros américain débile (sorte de croisement entre Reagan et Trump, habillé en tenue de football) venant en France pour nous sauver du danger communiste incarné par Red China Man et Moujik Man. C’est très con (c’est un peu le Austin Powers de l’impérialisme américain) mais malheureusement c’est très politique (très marqué par Mai 68) mais très insuffisamment drôle. Je retiens quand même la scène où Mister Freedom est déprimé parce qu’un gamin l’a traité de fachiste. Il se remémore alors le bon temps où l’Amérique était l’Amérique, avant les « negres » et les européens ingrats qui appellent les américains pour finir leurs guerres. Delphine Seyrig lui sert alors un énorme carton de Corn Flakes pour lui remonter le moral.
L’esthétique kitsch et les tenues de Delphine Seyrig font un peu penser à celui de Barbarella avec Jane Fonda.
Côté casting, c’est assez dingue: il y a Serge Gainsbourg (qui a l’air de bien se marrer avec ses partenaires topless mais qui devait parler trop mal anglais pour ne pas être doublé puisque tout le film est en anglais), Sami Frey en Jesus, Monique Chaumette en Marie, Jean-Claude Drouot, Daniel Cohn Bendit (le temps d’un plan), Donald Pleasence (le chef de Mister Freedom), Jean Luc Bideau, ainsi que Yves Montand et même Simone Signoret de loin. On a également Philippe Noiret en bibimdom russekof qui veut séparer Paris en deux zones d’influence communiste et impérialiste.
Bref, un énorme casting pour un si piètre résultat.


Image

Image

J’en profite pour écrire que d’après Carole Roussopoulos qui a travaillé avec Delphine Seyrig, la carrière de cette dernière aurait souffert de son engagement féministe. Elle évoque notamment Toscan Du Plantier qui l’aurait écarté de projets de films ou même Yves Montand qui aurait refusé de tourner avec elle.

La Dernière Minute / Count the Hours (1953, Don Siegel)

 La Dernière Minute / Count the Hours réalisé par Don Siegel en 1953.


A partir d'une idée de départ très classique (un homme accusé à tort de meurtre), Don Siegel nous offre un film plein de suspense et de mini-rebondissements toujours crédibles. Le titre original (Count the Hours) est parfaitement approprié puisque ce sera une course poursuite de l'avocat Doug Madison (MacDonald Carey) jusqu'à la dernière minute avant l'exécution du condamné pour prouver son innocence. Son principal adversaire étant le district attorney convaincu lui de la culpabilité de l'accusé et prêt pour cela à rejeter les preuves apportées pour la révision du procès.
Sur sa route également, Adele Mara (en ersatz de Gloria Grahame) ou Jack Elam et sa sacrée gueule en biais.
Teresa Wright n'a pas un rôle très développé mais le film est captivant du début à la fin. Surtout, tous les personnages secondaires existent individuellement et restent humains y compris le tueur. Les deux personnages principaux sont de petites gens désarmés face à la machine policière et juridique qui les condamne inéluctablement et la populace qui réclame du sang. C'est pratiquement du Clint Eastwood avant l'heure.

Image

L'œuvre sans auteur (2018) de Florian Henckel von Donnersmarck

 Image


L'œuvre sans auteur (2018) de Florian Henckel von Donnersmarck

A Dresde en 1937, le tout jeune Kurt Barnet visite, grâce à sa tante Elisabeth, l’exposition sur "l’art dégénéré" organisée par le régime nazi. Il découvre alors sa vocation de peintre mais sa tante est alors internée pour de légers troubles mentaux.
Dix ans plus tard en RDA, étudiant aux Beaux-arts, Kurt peine à s'adapter aux diktats du "réalisme socialiste ». Tandis qu'il cherche sa voix et tente d’affirmer son style, il tombe amoureux d'Ellie. Kurt ignore que le père de celle-ci, le professeur Seeband, médecin influent, est impliqué dans l'envoi de sa tante dans les camps nazis..


Voici un nouveau grand film que nous propose le cinéma allemand et Florian Henckel von Donnersmarck qui signe son retour en grâce après son piteux passage hollywoodien. Encore un film sur les nazis ? Oui, et pourtant le spectateur ne sait jamais totalement vers quoi il va. Après une première partie pesante mais captivante durant laquelle le spectateur se situe en terrain connu (le destin tragique des faibles dans l'Allemagne nazie), la seconde partie s'avère plus flottante et ambiguë, les actions et les pensées des personnages plus obscures. C'est pourtant ce qui fait la force de ce film et qui le soustrait de tout conformisme. Comme dans La vie des autres, le réalisateur nous montre le destin de gens simples broyés par un système totalitaire dans lequel l’innovation artistique n'a pas sa place.
Sebastian Koch dans un rôle à contre-emploi (une enflure d'exception) est une nouvelle fois formidable et confirme qu'il est l'un des plus grands acteurs européens actuels. Dommage de ne pas le voir plus souvent. Le jeune Tom Schilling qui joue le jeune peintre parait bien palot en comparaison mais on mettra ça sur le compte de son rôle apathique. Et Paula Beer suscite toujours une grande sympathie.

mercredi 23 décembre 2020

Scotland Yard appelle FBI (1956)

 Image


Scotland Yard appelle FBI (1956) 

A Londres, en jouant dans les ruines d'un bâtiment, Eric, un jeune garçon, trouve une arme dissimulée dans une brique creuse. Alors qu’il se dispute avec quelques camarades, le pistolet est accidentellement actionné, blessant l’un d’entre eux. Scotland Yard enquête immédiatement et découvre que l’arme d’un calibre étranger, est impliquée dans une affaire criminelle vieille de dix ans. L’institution britannique contacte aussitôt l’armée américaine. Pendant ce temps, Eric, terrifié par son geste, a pris la fuite, laissant sa mère, Elsa, dans l'angoisse..

Malgré des ficèles scenaristiques répétitives et un brin agaçantes, ce film réalisé par Val Guest et Hal E. Chester mérite amplement le coup d’œil. Il bénéficie d’une mise en scène somptueuse et de superbes vues intérieures et extérieures jusqu’au cœur de ce Londres encore en reconstruction du milieu des années 50. Les scènes d’action sont particulièrement saisissantes et réalistes. Le film a été restauré et l’on profite pleinement d’un très beau noir et blanc et d’une image typiquement anglaise. Lizabeth Scott brille en mère célibataire à la recherche de son fils. L’admirable Herbert Marshall est au casting mais bien trop peu présent malheureusement. C’est Steve Cochran qui emporte la mise.