jeudi 14 octobre 2021

Eugénie Grandet





Eugénie Grandet
Sortie le 29 septembre 2021
réalisé par Marc Dugain
avec Joséphine Japy, Olivier Gourmet, Valérie Bonneton

Felix Grandet règne en maître dans sa modeste maison de Saumur où sa femme et sa fille Eugénie, mènent une existence sans distraction. D’une avarice extraordinaire, il ne voit pas d’un bon œil les beaux partis qui se pressent pour demander la main de sa fille. Rien ne doit entamer la fortune colossale qu’il cache à tous. L’arrivée soudaine du neveu de Grandet, un dandy parisien orphelin et ruiné, bouleverse la vie de la jeune fille. L’amour et la générosité d’Eugénie à l’égard de son cousin va plonger le Père Grandet dans une rage sans limite. Confronté à sa fille, il sera plus que jamais prêt à tout sacrifier sur l’autel du profit, même sa propre famille...

J’avais lu le roman de Balzac il y a 35 ans environ, autant dire que je ne me rappelais que d’une vague ressemblance avec Madame Bovary, l’ennui d’une jeune femme réduite à la vie intérieure dans la France du XIXème siècle. Je n’aurai pas utilisé le terme patriarcal à l’époque mais c’est bien ainsi qu’il faut la décrire. Marc Dugain utilise ainsi le matériau du roman pour en faire un film féministe, anticapitaliste et très moderne. Il n’hésite pas pour cela à prendre quelques libertés. Il faudrait relire le Balzac pour identifier l’ensemble des écarts mais au moins deux sautent aux yeux. Ainsi, le neveu Grandet ne part plus faire fortune aux Indes mais dans le commerce des esclaves. De la même manière, la fin est sensiblement différente puisque
Eugénie Grandet ne se marie plus avec un prétendant local mais s’émancipe totalement en partant en voyage à travers le monde..
Le film a même quelques penchants écologiques (je pense à la scène dans laquelle on voit Eugénie profiter de la nature pendant que son père manigance et parle argent au premier plan). Ces changements à visées idéologiques parfois grossières (mais qui ne vont pas à l’encontre du féminisme de Balzac ni même de son attrait pour la nature) pourront faire tiquer ou ravir. En particulier cette fin quelque-peu anachronique. C’est aussi ce qui fait la force du film et sa capacité à plaire au plus grand nombre, Mais ce sont les deux seuls points discutables de cette œuvre bien réalisée dans laquelle on ne s’ennuie pas et parfaitement interprétée par un Olivier Gourmet génialement odieux, rongé par l’avarice tout en restant profondément humain. La très prometteuse et délicate Josephine Japy n’en finit pas d’inspirer la sympathie même dans ce rôle austère et mutique.

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