lundi 17 août 2015

Caprices (de Léo Joannon, 1942)

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Caprices (un film de Léo Joannon, 1942)

Deux jeunes gens riches se jouent la comédie. Elle, actrice de renom, se fait passer pour une pauvre fleuriste, lui, homme du monde distingué, se camoufle en escroc. Ce jeu va les entraîner dans une série d'aventures.

En dépit d'un argument de départ assez léger (un quiproquo sur la condition sociale de Danielle Darrieux qu'Albert Préjean prend pour une Cendrillon des bas quartiers alors qu'elle est une actrice habillée en fleuriste) et d'un scénario un peu décousu et parfois farfelu, c'est une comédie délectable qui a du faire rêver les spectateurs lors de sa sortie durant l'occupation. Les français avaient alors besoin de rire et de légèreté, et c'est bien le programme qu'on leur proposa. Sur des dialogues d'André Cayatte, les deux comédiens s'en donnent à cœur joie, leurs personnages faisant justement tout ce qu'ils ont envie au moment où ils en ont envie, se jouent la comédie, se font plaisir. Darrieux est particulièrement à la fête, ayant l'occasion de jouer à simuler être une pauvre marchande puis à faire l'actrice mondaine et sophistiquée, porte cigarette à l'appui.

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Une tandem de comédie Prejean/Darrieux (formé déjà en 1936 à l'occasion du film Quelle drôle de gosse! du même Léo Joannon) qui rappelle par certains côtés celui que formaient au même moment en Amérique William Powell et Myrna Loy mais avec des tempéraments inversés (à la fantaisie de Powell répond celle de Darrieux tandis Préjean est davantage, en contraste, dans la sobriété et le charme élégant comme l'était Myrna Loy).
On poussant plus loin la comparaison on pourrait même dire que Darrieux et Préjean annoncent les Richard Gere et Julia Roberts de Pretty woman. C'est un riche homme d'affaires, très généreux avec ses conquêtes féminines, et qui se prend un temps pour le prince charmant venu sauver Cendrillon. Sauf que bien sûr Darrieux est une fausse Cendrillon, et ne joue bien entendu pas une prostituée .. mais une actrice (ce qui n'était pas si éloigné pour certains esprits de l'époque).

Les scènes Préjean/Darrieux sont toutes savoureuses, à l'exception peut-être d'une scène chantée et doublée il me semble, qui a sérieusement vieillie. Il y a notamment une scène cocasse de diner durant laquelle le couple est au restaurant et où Darrieux craint de voir l'immense lustre de la salle lui tomber sur la tête. Elle exige qu'on l'enlève, affole toute la clientèle qui part convaincue que le lustre bouge. La scène se termine par la chute du dit lustre uniquement causé par la tentative de démontage. Et tout cela alors que le couple ne consomme finalement rien.

Un mot sur Jean Parédès très drôle dans le rôle de Constant, le valet un peu trop zélé et dévoué d'Albert Préjean, au point d'être jaloux de Darrieux. Parédès et Darrieux jouaient déjà ensemble l'année précédente dans le gros succès Premier rendez-vous d'Henri Decoin.

Une production Continental.
Christine Leteux : Le film a été écrit par Raymond Bernard et Jacques Companeez avant la guerre pour la société Majestic Films. En panne de scénario, Léon Joannon a fait racheter les contrats du films par la Continental et s'est approprié le sujet le film en menaçant Bernard et Companeez, qui étaient tous deux juifs et en danger. Cayatte n'a servi que de prête-nom sans connaître tous les ressorts de cette sale histoire.

Toujours pas de dvd/BR Gaumont à l'heure qu'il est.. :fiou:

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Je rajoute au passage ces célèbres photos de Darrieux et Viviane Romance (entre autres) en partance pour Berlin :

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