Car le manque de rythme, une ambiance glaciale et une intrigue plutôt opaque font que le spectateur peut avoir un certain mal à rentrer dans le film. Mais The Mackintosh man a néanmoins quelques aspects très sympathiques ainsi que de bonnes idées de réalisation.
D'abord, Huston maîtrise parfaitement toutes les scènes d'action telles le vol, la fuite dans le métro londonien, l'évasion et enfin surtout la poursuite dans les paysages si atypiques de la campagne et des marécages d'Irlande. Cette séquence constitue véritablement le clou du film et vaut à elle seul le visionnage.
Fidèle à ses habitudes, John Huston s'est surement offert du bon temps en tournant dans son pays d'origine, qu'il filme avec maestria et beaucoup d'affection, en rendant parfaitement l'ambiance d'un petit village irlandais.
Le problème n'est pas dans la réalisation mais dans un scénario bancale, à mi-chemin entre le divertissement (souhaité par son auteur officiel, Walter Hill, qui envisageait un film façon La mort aux trousses, déjà avec James Mason dans le rôle du vilain), et la vision de John Huston revennant pour l'occasion au monde de l'espionnage - 3 ans seulement après The Kremlin Letter.
Ayant le dernier mot, Huston réécrivit en partie le scénario et ce jusque pendant le tournage.
Walter Hill ne pourra que constater : "J'ai écrit 60% de la première moitié, après cela il n'y a plus rien de moi".
Il y avait pourtant matière à faire un film passionnant en adaptant le roman de Desmond Bagley (The Freedom Trap), lui-même inspiré de l’histoire vraie d'un agent double soviétique, George Blake, infiltré au sein du MI6 britannique. Démasqué, jugé et condamné en 1961 à quarante-deux ans de détention, il fut emprisonné, mais réussit à s'enfuir de la prison de Wormwood Scrubs en 1966 et se réfugia en URSS où il devint un héros et où il vit toujours.
George Blake est l'un des agents qui a miné la confiance des Britanniques dans le MI6 pendant des décennies.
De toute cette histoire authentique autour de la guerre froide, on ne retrouve malheureusement pas grand chose dans le film où il est d'abord question de trafic de diamants par le service des postes, prétexte pour infiltrer un réseau d'espions. Mais l'intrigue restera néanmoins opaque jusqu'à la fin, pouvant laisser le spectateur au bord du chemin en raison d'un scénario aussi peu abouti que superficiel au bout du compte.
Heureusement, et c'est là le grand atout du film, on se raccroche à un Paul Newman/Rearden au sommet, entre sérieux et décontraction.
Son charisme permet à Huston de distiller toute son ironie et de se moquer des divertissements d'espionnage, James Bond en premier lieu ("- What is the most outstanding property of the diamond?" Newman/Rearden : "- It’s forever.") et peut-être même - pure supposition - de Chapeau melon et bottes de cuir (via les attitudes et les dialogues un poil surréalistes entre Paul Newman et Dominique Sanda, dont c'est ici le premier rôle américain mais qui ne semble pas vraiment à l'aise).
Pour John Huston, le monde de l'espionnage est comme l'enfer, donc à l'opposé de ces productions légères. D'où beaucoup de cynisme et de clins d’œil moqueurs distillés en douce par le charme de sa star (avec qui il avait travaillé précédemment en très bonne entente sur The life and times of Judge Roy Bean).
Dans ses mémoires (An open book), John Huston affirmera que The Mackintosh man aurait pu être un très bon film si le scénario avait été finalisé plus en amont. On ne peut que lui donner raison. Malheureusement.
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