mardi 4 novembre 2014

Black Angel (1946)

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Black Angel / L'ange noir (1946)

Réalisation : Roy William Neill
Scénario : Roy Chanslor

Trois hommes tournant autour d'une femme fatale, c'est toujours au moins deux de trop..

Dès les premières scènes de Black Angel on baigne d'emblée dans une pure ambiance de film noir. Une blonde gisant sur le tapis, un foulard en soie serré autour du coup, un disque tournant en boucle le même morceau entêtant chanté par la même blonde, un flingue posé sur le lit, un homme s'introduisant dans le clair obscur d'un appartement, un crime.. En quelques secondes pratiquement tous les codes du genres sont présents.
Cet homme, c'est Kirk Bennett. Ayant laissé ses empreintes partout sur les lieux du crime et en outre reconnu dans le couloir par la gouvernante alors qu'il cherchait le vraisemblable meurtrier en fuite, il est arrêté et jugé coupable pour l'assassinat de la chanteuse de cabaret Mavis Marlowe (Constance Dowling). Kirk Bennett est condamné à la peine de mort (par chambre à gaz), mais sa femme Catherine Bennett (June Vincent) totalement convaincue de son innocence n'entend pas baisser les bras et part à la recherche du véritable tueur. Elle est rapidement aidé par Martin Blair (Dan Duryea), le mari évincé et alcoolique de la victime..

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Dan Duryea yeaaaahh !

Quel plaisir de voir cet acteur dans un rôle différent. Dans ce Black angel, il a l'occasion d'incarner un personnage plus complexe que celui du malfrat habituel dans lequel il excelle tellement (trop à son détriment peut-être).
Je crois qu'il s'agit ici d'ailleurs de son premier rôle en tête d'affiche (dans Kathy O' en 1958 il aura une autre belle occasion d'incarner un "gentil").

Scarlet Street, The Woman in the Window, Criss Cross, Too Late for Tears, Ministry of Fear and One Way Street ...
Quel putain d'acteur de film noir!

Mais même quand Dan Duryea incarne un "gentil", ce n'est jamais aussi simple que ça ... il y a toujours au moins un truc qui cloche. S'il n'incarne pas ici une canaille, il est un alcoolique qui doit se faire enfermer dans sa propre chambre la nuit afin de protéger les autres (et lui-même) de ses éventuels excès sous influence. Frustré et évincé par sa propre femme qui lui interdit l'accès de son appartement, il incarne un loser magnifique. Aussi est-il naturellement sur la liste des suspects jusqu'à ce que son logeur l'innocente (il était dans sa chambre sous verrou au moment du meurtre).

Le sinistre Peter Lorre (un peu sous-employé en patron louche du cabaret qui semble avoir quelque-chose à cacher) et le futur oscarisé Broderick Crawford (Capitaine Flood) complètent le beau casting de ce film noir rendu glamour grâce à la belle présence de June Vincent.
Le mystère plane dans ce whodunit aux accents hitchcockiens (blonde glamour de caractère, femme fatale, hommes fragiles, ratés socialement et psychologiquement en déserrance, ambiance de suspicion, suspense constant, subconscient manipulateur et flash-back révélateur) dont le titre même est une énigme.

Qui est cet ange noir ?

Le spectateur est constamment manipulé (avant tout par les choix de son casting, Peter Lorre et Duryea obligent). L’ambiguïté règne . Même la victime du crime, Mavis Marlowe/Constance Dowling, n'est pas une oie blanche, loin de là puisqu'elle faisait chanter ses amants.

A l'instar d'autres noirs comme Stranger on the Third Floor ou Phantom Lady (dans lequel néanmoins le meurtrier est connu dès le départ), c'est la femme ou l'amoureuse du présumé coupable qui enquête pour tenter de retrouver le vrai meurtrier. Ici June Vincent doit déployer de nouveaux talents insoupçonnés pour s'introduire dans le cabaret de Peter Lorre, en se faisant passer pour une chanteuse accompagnée du pianiste Dan Duryea. Celui-ci trouve ainsi une raison de sortir de son alcoolisme et de voir le bout du tunnel de la dépression dans lequel il était tombé. Le malheur de l'un fait le bonheur de l'autre et il se verrait bien consoler sa nouvelle partenaire..

Le film est dépourvu de scènes d'action et de flingues. Non on est pas dans ce genre de noir, je préfère prévenir. Mais on ne s'ennuie pas. En dépit d'un scénario finalement moins complexe et intéressant que ses personnages et une durée courte (81 min), il offre de nombreux éléments inhérents au noir. Et si le spectateur croit deviner le coupable dès le début, il devra réviser constamment son jugement.


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