samedi 18 janvier 2014

Savage (2012, Oliver Stone)


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Savage, opus Oliver Stone 2012 n'est pas sorti de nulle part et se situe dans la droite lignée des films « sale gosse » d’Oliver Stone, de Scarface (au scénario) à Tueurs nés.
Le scénario de Tueurs nés était signé Quentin Tarantino, mais 20 ans après on dirait bien qu’Oliver Stone a totalement assimilé (singé ?) l’écriture « Tarantino » tant son film respire la fausse coolitude (Butch Cassidy et le Kid version branchée et défoncée), les dialogues surréalistes et le gore gratuit (à ce titre, le début du film tendance Al-Qaïda est quelque-peu insupportable). Cette culture de la violence n'est bien entendu pas l'apanage de Tarantino puisqu'on retrouve ce thème très américain chez Scorsese et Stone. Bien qu'il s'en défende en invoquant les thèmes de la violence ou de la luxure comme des réalités "politiques", ce n'est globalement pas l’Oliver Stone politique qui s'exerce ici mais son double, celui des farces tendances grotesques, de l’hyper violence et du trafic de drogue. “Jules et Jim qui rencontre Scarface” a t-il déclaré en parlant de son film, mais il ne suffit n'y a point de Jim ici si j'ose dire.

Au casting, Blake Lively est sexy (et pourtant bien chaste) mais ne semble guère évoluer de film en film dans son jeu d’actrice décérébrée un brin cul-cul. Idem pour Taylor Kitsch (toujours en mode rebel without a cause et torturé depuis Friday Night Lights).

Le trio est complété par un Aaron Johnson méconnaissable et très loin de Kick-Ass en dealer écolo cool. Un acteur à suivre.

Et bien sûr le film présente son lot de personnages outranciers et caricaturaux : Salma Hayek (pas loin du ridicule), John Travolta (plutôt marrant lorsqu'il part dans les aigus façon Pulp Fiction) et Benicio Del Toro (abonné à ce type de rôle sadique depuis Permis de tuer).

Le film débute avec la voix off de Blake Lively, alias O., façon Sunset Boulevard : Suis-je morte ou vivante ?..
On aura droit à cette voix off jusqu'à la fin verbeuse et mièvre jusqu'à l'overdose, tel une fin d'épisode de sitcom (Grey's anatomy, Weeds, etc).

Le scénario (volontairement ?) invraisemblable ne porte pas préjudice au film tant le soucis de réalisme n’est clairement pas dans le cahier des charges d’un film essentiellement bâti sur l’argument du fun à tout prix et destiné en apparence à une audience rajeunie. On est loin de l’ambition politique revendiquée par le réalisateur par le passé et bien davantage dans la recherche du plaisir brut et le déjà-vu. A moins que ne se cache une critique d’Hollywood derrière ce scénario puéril et hyper violent. Mais le procédé s’avère dans ce cas facile et déjà vu, utiliser les défaillances hollywoodiennes pour s’en moquer en filigrane. Cf. débats autour de Tueurs nés, il y a de cela ..20 ans.

Cependant Stone assure toujours dans ce qu’il maitrise le mieux, la mise en scène : rythme et virtuosité, art du montage, esthétique et photographie sont soignés. De fait, le film a un cachet particulier le situant d’emblée au-dessus du niveau de la production courante.

Mais le (double) dénouement tarabiscoté, verbeux et ridicule laisse malheureusement une très mauvaise impression finale alors que le film s'était laissé regarder comme un divertissement à peu près correct pendant une bonne heure et demi.

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