mercredi 23 septembre 2015

Mireille Balin dans : Menaces... d'Edmond T. Gréville (1939)

En septembre 1938, un hôtel du Quartier latin à Paris est le lieu d'habitat transitoire d'étrangers - qui ont fui l'Europe de l'est soumise aux nazis - et de Français bienveillants, paniqués par une guerre mondiale imminente.

Menaces... d'Edmond T. Gréville est un étrange film dont la valeur est avant tout historique puisqu'il nous présente l'atmosphère lourde et inquiétante de cette année 1938, à travers la vie d'un hôtel accueillant notamment des réfugiés de tous horizons.
Quand on sait à quel point l'arrivée imminente de la guerre bouleversa la vie des participants au film (interdiction de tourner de T. Gréville, destin tragique de Mireille Balin, nouveau départ de Stroheim alors qu'il s'apprêtait à réaliser et jouer dans La Dame blanche, écrit avec Jean Renoir, aux côtés de Louis Jouvet et Jean-Louis Barrault). Le film lui-même a subit les marques de la guerre (scènes coupées avec Balin et images de la libération rajoutées pour sa ressortie après guerre).
Ce n'est vraiment pas si courant un film des années 30 qui parle aussi clairement de son époque. Menaces est pour cela un film de valeur. Le film était considéré comme suffisamment politiquement engagé (même antinazi) pour valoir à Gréville de se faire retirer sa carte de travail par Vichy. Il continuera plus ou moins à travailler avec celui qui l'avait fait débuté d'ailleurs..

Mireille Balin, toujours la classe incarnée, est comme déjà triste et tragique (loin de la femme fatale qui avait fait sa gloire face à Gabin).  Et pourtant elle est amoureuse.
Il y a aussi et surtout de très belles scènes avec Stroheim, impressionnant avec son masque couvrant la moitié de son visage ("Je porte sur mes épaules le double visage de la paix et de la guerre").

Stroheim et son médecin :
"
- Vous êtes un citoyen du monde.
- C'est à dire de nulle part."



Un autre dialogue d'exception tiré du film, entre deux personnages au moment de la mobilisation :

"
- Moi les gens de Droite j'ai jamais pu les blairer.
- Y a ni droite ni gauche en ce moment. On est griffton. Toi qu'est-ce que t'es dans le civile ?
- Moi j'suis socialiste.
- Et moi croix de feu, tu t'rends compte!
- Seulement n'empêche que tu vas aller te bagarrer contre les dictateurs.
- Eh ben et toi ?
- Mais moi c'est mes convictions.
- Mais moi c'est pour qu'on aille pas nous enquiquiner chez nous. Si on avait eu une France forte..
- Naturlich, les dictateurs, t'en pinçait pour leur pomme! Seulement maintenant qu'ils veulent effacer les démocraties, ben tu commences à apprécier !
- Mais Apprécier quoi ?
- Ben la liberté eh p'tite tête!
- Non la France.
- La France et la liberté c'est la même chose."


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